Entrée en matière, de plain pied!

Nous partons sous une triple protection divine

Nous partons sous une triple protection divine : plage avant de notre véhicule.

Quand j’ai appris que Karthik (le jeune employé au 8 managers) allait au temple chaque semaine, je lui demandai de l’accompagner, ce qu’il accepta de très bonne grâce, même avec un certain empressement.

Un samedi matin, nous voilà donc partis vers le temple de de Thiruneermalai sous la conduite de Bacha, notre « driver », en compagnie de Mamadou, un « expat' » guinéen récemment sorti de l’hôpital. J’avais demandé à Karhik de quelle façon je devais être habillé: sa seule réponse fût que je ne devais pas porter de chemise noire. Quelle ne fut pas ma surprise de le voir nous rejoindre en jean et tee-shirt du parfait « raver ».

La Tata de Bacha est sous le triple protection de Shiva, Ganesh et Hanuman. Trois dieux pour nous protéger ne sont pas un luxe, tant notre conducteur sait prendre des risques dans le flot chaotique de la circulation indienne. Ancien chauffeur d’ambulance, il a tendance à se croire toujours au volant d’un véhicule prioritaire, son klaxon lui tenant lieu de sirène.

Heureux de nous inviter dans un lieu de dévotion, Karthik ne nous emmène pas dans son temple habituel, mais dans un haut lieu de pèlerinage de la région de Chennai.

Notre Phaéton, comme notre guide, semble hésiter quant à la route à suivre et demande plusieurs fois son chemin. Enfin, nous arrivons. Au sommet d’une colline, le village de Thiruneermalai cerne le temple que nous contournons pour, enfin, nous arrêter pile face à l’entrée.

Je demande à Bacha si je peux descendre et suite à un « Yes, Sir! » appuyé, je pose gaillardement le pied gauche sur le sol.

Haï! Mon pied s’enfonce alors jusqu’à la cheville, au beau milieu d’une onctuosité mousseuse d’une fragrance qui fleure bon la campagne. Je viens de m’enliser dans une magnifique bouse de vache sacrée. Sacrée bouse qui m’aspire et me cloue sur le sol telle une ventouse organique. Si mettre son pied gauche sur une merde porte bonheur, me voilà béni des dieux pour plusieurs réincarnations.

Avec quelques difficultés, je sorts le second pied et prenant appui sur ce dernier, je tire la senestre de l’excrément bovin. Un grand « smack » annonce bientôt ma libération.

N’ayant rien sous la main, j’utilise cette dernière pour me débarrasser des adhérences fécales.Mon chauffeur  se sentant sans doute responsable de mon entrée en matière, arrête mon geste et asperge mon pied avec l’eau minérale qu’il réservait pour étancher sa soif. Au soleil, il doit faire facilement 40 degrés! A ce moment, provenant d’un petit abri non loin de là, s’élèvent des voix de femmes mécontentes. Je ne comprend rien au Tamoul, mais le ton des invectives ne laisse aucun doute: « Allez vous démerder plus loin! ».

Je suis entraîné vers un buisson qui cache un robinet. Bacha me libère de ma sandalette et s’évertue à laver à la fois le pied et la chaussure. Ainsi purifié, je peux entrer dans l’enceinte sacré laissant mes chaussures à la porte du temple.

à suivre

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