Incandescences et harmonies

 

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Le soleil s’incline vers l’horizon. Le Carbet lui renvoie de toute sa hauteur, un scintillement de verts tropiques.

Certains s’alanguissent encore sur la plage du Coin comblés de caresses éoliennes. Les tables du Petibonum se garnissent peu-à-peu. Les verres se servent gouleyant de rhum, jus de goyave, de bière ou d’eau pétillante. Les soifs s’étanchent. La fraîcheur, toute relative, s’installe.

Le brouhaha du restaurant se tamise lorsque s’élèvent les sonorités des premiers pincements, des premiers frottements, du premier souffle.

Le Quintette Classique de Martinique a osé planter ses notes dans ce lieu improbable habitué aux sonos tonitruantes de véhicules surwattés.  

Mais l’harmonie crée le respect. Quelques insensibles au sacré s’éloignent. Quelques sourds vaquent à leurs « n’importe quoi ». L’atmosphère les soumet bientôt, les uns et les autres, à la sourdine. Une mère éloigne son enfant turbulent. Si peu bruyant. Peut-être, encore, un Mozart qu’on assassine!

Pourquoi ne pas tenter de faire taire la mer qui, dans notre dos, sacs et ressacs,   bouillonne sur le sable gris? Le soleil poursuit sa déclinaison. Il trace un sillon d’argent sur l’onde désormais sombre et vient taquiner le sable gris.

Aujourd’hui, l’oreille l’emporte sur l’œil. Dans une quasi indifférence, l’incendie céleste dégueule sa lave incandescente vers le flot caribéen.

L’attention est ailleurs. De grands classiques s’engouffrent en nos oreilles et réveillent notre mémoire autant collective qu’intime.  Certains fredonnent, certains frissonnent. Émotions

Carl Flesch est annoncé. « C’est qui, celui-là? ». La réponse vient. La musique suit. Haendel, Mozart et d’autres. Le toit de tuiles et de bois fait merveille et nous renvoie un son très digne. Et voilà bientôt Carmen qui danse entre les tables à la poursuite de son toréador. Prenons garde! Mais l’invisible, bientôt, disparaît et d’autres lui succèdent. Le temps est suspendu. Le soleil a plongé. La nuit règne. Quelques notes de Noël signent la révérence du Quintette Classique de Martinique.

Ils ont osé. Ils ont gagné un challenge loin d’être gagné d’avance. Ils ont osé réconcilier la musique et le quotidien. La musique et la vie. Ils ont osé briser les hermétismes.

Bravo!

Etienne LALLEMENT    –    28 novembre 2016

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3 réflexions sur “Incandescences et harmonies

  1. Je suis jaloux, comme j’aimerais pouvoir écrire une telle prose, associer ces mots, les faire vivre et nous faire vibrer.
    Merci Étienne,
    La Paix soit avec toi
    Je t’embrasse XXX

  2. Pingback: Un poète s’est glissé dans le public. . . . . . Novembre 2016 – Titre du site

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