La mer, ici, n’est souvent qu’un souvenir diaphane perdue dans les vapeurs océanes ou la brume au long cours. Quelquefois, par chance, depuis les ponts de cordes jetés d’arbre en arbre, nous la devinons rompre son lien d’azur avec le ciel, mais, bientôt, nous la percevons estomper ses nuances comme par pudeur sous la caresse d’un soleil timide. Quelquefois, quelques rares fois, quand l’astre s’embrase, alors elle se libère de ses voiles arachnéens et s’offre alanguie, jamais indécente, au caresses du rivage.
Le coeur de Balata palpite à nos pieds. Les palmes protectrices, accrochées à leur stipes, déclinent leur verdure . Les cascades saguines des flamboyants incendient les parterres monochromes où l’homme s’affaire. Il lui faut, ici, composer sans trahir. Il lui faut, ici, aimer. Il lui faut, ici, communier. Il lui faut, ici, se laisser dominer par l’amante nature et par quelques savantes parades et cours assidues l’amener à s’offrir dans toute sa splendeur.
La nature est inconstante. Son humeur versatile. Chaque jour, le spectacle diffère. Chaque jour, elle souffle chaque fleur comme autant de paraisons.
Inlassablement, l’homme hésite, invente… et la nature crée. L’homme pourrait créer, mais encore il ignore ou veut ignorer sa qualité divine et tâtonne des esquisses au fusain du vivant.
Les parterres chatoient et ondulent sous les baisers du vent.
Les roses de porcelaine s’étirent et s’inclinent. Les Alpinias éclairent notre passage à la flamme pourpre de leurs bractées.
Les Anthurium turgescent épanouissent leur aile lustrée blanche, rose ou rouge dans le sillage des souffles.
Le Russelia s’épanche en pluie de corail, en hémorragie végétale.
Les Oiseaux du paradis tendent et ouvre leur bec pour un concert sans voix, un hymne des couleurs.
La curie des fiers Balisiers tend vers le ciel ses calices d’or ou de pourpre et recueille la rosée du matin ou quelques larmes des sanglots du ciel.
La famille des Bromelias prend ses quartiers d’été, accrochée à quelques souches stériles. Les colibris sont ses hôtes et se désaltèrent en son coeur.
La reine de Malaisie habillée de rubis et couronnée d’or s’incline, humblement, sur notre passage tandis que les éphémères Hibiscus entonnent un hymne au soleil de leur trompette de soie qui décline le spectre de l’or au sang.
Le Bougainvillée nous aguiche par ses couleurs, nous rebute par ses épines, nous console par un feu d’artifices.
Le Jasmin nous captive de l’essence enivrante de ses étoiles terrestres.
Les Nénuphars s’épanouissent au bain tels des nymphes antiques.
La canne d’eau salue notre départ de son mouchoir de dentelle.
A l’ombre du Carbet, la lave végétale
Bouillonne
Accouche d’un Eden aux essences vitales.
Ici, Jean-Philippe Thoze
Esquisse et ose
Et brouillonne…
La Vie
Etienne Lallement
Le 1 juillet 2016
Quel hymne magnifique à La Martinique, à la vie, on devine les couleurs, on respire les odeurs, quelle plume. Un frère admiratif ! Lecteur assidu du blog.
Je t’embrasse XXX
Jacques