De ces livres qui font du bien…01

En mars 2018, je visitai par curiosité suscitée par l’ouï-dire, une boutique qui, elle-même, se surnomme “l’Oasis de la Connaissance” : Ananda. Dès notre arrivée en Martinique, je m’étais passionné pour certains des écrits de Patrick Chamoiseau. Au centre de la boutique trônait une pyramide de livre: “La matière de l’absence“.

A cette époque, le deuil ne faisait pas encore l’essentiel de mon quotidien. Le deuil nous frappe tous un jour ou l’autre. Si l’attaque peut torturer, anéantir… bientôt, le temps tire son voile analgésique. Peu à peu, nous faisant avec. Nous faisons sans. Heureusement.

Une lecture peut nous aider à passer le creux de la vague en suscitant des réflexions…nous préparer à la séparation.

Ici, il s’agit d’un dialogue de l’auteur et de sa sœur lors la disparition de “Man Ninotte”. Leur mère. La mère. “Mère universelle”!

L’auteur nous invite à l’exploration des coutumes et des rites qui accompagne le deuil dans les Antilles. Il nous entraîne sur la trace des relations complexes entre le monde des exploiteurs et et des exploités. La dichotomie entre le “Noir” et le “Blanc”. Il élargit son exploration à l’origine de l’Humanité.

Les seuls évènements humainement universels sont la naissance et la mort.

C’est en considérant ces deux extrêmes que l’Être Humain invente ses croyances et ses cultures.

Les chemins chaotiques, les voies des plaisirs!

Il faut savoir sortir des sentiers battus pour trouver des trésors…à l’entrée de la commune de Gros-Morne, au cœur de La Martinique, quittez la N4, prenez le chemin Glotin, puis le chemin Petit-Goudou et vous finirez par rejoindre le Moulin Hydroélectrique.

Une pièce d’histoire de l’île qu’un couple de passionnés entreprend de restaurer avec beaucoup de volonté, de patience et d’énergie! Avec les moyens du bord, quelques aidants et des manifestations comme celle où nous nous rendions ce dimanche 27 mars. Les chaos de la route et les difficultés de stationnement furent vite oubliés.

Première surprise la prestation du groupe “Pom’Kanel”. Martinique 1ère pouvait titrer en janvier dernier sous la plume de Guy Etienne

« En 2022, la troupe martiniquaise la plus connue dans le monde, doit fêter ses 40 ans et reprendre ses tournées… ».

Bien qu’en nombre réduit – ils sont plus de 60 habituellement – la troupe a pu nous éblouir par un spectacle exceptionnel de danses, de charme, de prestations physiques et bien sûr musical. Un voyage à travers le folklore martiniquais. La culture caraïbe dans sa quintessence ! Nous ne pouvons que tirer notre chapeau à un tel groupe qui accepte de se produire dans un lieu si « confidentiel ». La tournée mondiale stoppée net par la Covid peut reprendre en confiance.

Mais nous n’étions pas au bout de nos surprises. Nous la connaissons comme infirmière… Nous la découvrons, avec son groupe “Obao K’dans“, comme chanteuse d’une qualité « rare ». Passer après un groupe de renommée « internationale » ne fut pas un handicap. Bien au contraire ! Auteure-compositrice-interprète et animatrice efficace, elle nous a emmenés à la découverte de son premier CD « Ti Plézi ». La chanteuse Manm’zel Krys forme avec ses musiciens un groupe homogène et l’on sent la complicité de tous ce qui ne peut qu’ajouter à la qualité de la prestation.

Contact : mail ladykrys972@gmail.com   

Un peu de “Pom’Kanel“! faites glisser les images! suivant les flèches!

Un peu de “Manm’zel Krys“! Malheureusement pour vous sans musique!

Musique de renaissance! Ode de résurrection!

C’est un bonheur pour nous d’assister aux concerts qu’offre l’ensemble de musique de chambre « Quintette de La Martinique » au soleil couchant sur la plage du Carbet au sein du restaurant « Le Petibonum ».

Mais, depuis un certain temps, l’épidémie virale covidienne étant passée par La Martinique le soleil se couchait sous la vague sous les seuls bruissements de la nature tropicale. Les couvre-feux renouvelés privaient l’astre de ses adorateurs.

Vers la fin de l’année 2021, l’espoir renaissait. Un vent de folie destructrice devait encore retarder le retour des harmonies. Une ou des mains meurtrières allumaient un incendie qui détruisit jusqu’au sable le Petibonum et son voisin le Pélican.

Les yeux se tournèrent rapidement vers les opposants à un projet immobilier porté par Guy Ferdinand qui clamèrent leur innocence. Puis un courrier signé « Matinik Doubout » arrivait chez trois restaurateurs leur signifiant que les établissements exigeant le « Pass Sanitaire » subiraient le même sort incendiaire…

Très vite, un élan de solidarité unissant des professionnels, le personnel, la mairie du Carbet, des anonymes… répondait à l’appel du propriétaire du Petibonum pour sauver l’établissement de la faillite.

Voilà 16 ans que l’activité prospère sur la plage où nait la mer des Caraïbes. Le soleil ne s’y est pas trompé. Il a choisi cet horizon pour prendre en un spectacle grandiose toujours renouvelé, ses quartiers nocturnes.

Il ne faut pas s’arrêter à la dénomination « de plage » pour qualifier les plats proposés à la clientèle. Autour de notre table, écrevisse sauce créole, loups boucanés et burger Roger aux épices prouvaient une carte recherchée et originale. Et pourtant, faire une cuisine d’une qualité certaine sur des instruments qui relèvent plutôt du barbecue géant est un miracle ou la preuve d’un professionnalisme hors-paire.

En cette soirée du 19 février 2022, les musiciens du Quintette de La Martinique s’unirent pour un Te Deum de résurrection en proposant une ballade crépusculaire du Baroque à aujourd’hui. Haendel, Rameau, Bizet, Ravel, Gluck, Piazzolla nous enveloppèrent de leurs mélodies jusqu’à la nuit.

Petit bémol : la destruction du carbet de bois où les musiciens s’épanouissaient autrefois ne permet pas une bonne diffusion des sonorités dans toutes leurs subtilités. Mais patience ! Le maître des lieux a promis qu’il reconstruira “très vite et que se sera mieux qu’avant“.

ki ka pliyé mé ki paka kassé”

L’acculturation et les bains de haine mènent à l’irréparable pour la main criminelle et pousse la victime à se sublimer.

Etienne Lallement – le 23 février 2022 – Saint-Joseph – La Martinique –

https://fr-fr.facebook.com/lepetibonum/

https://fr-fr.facebook.com/QCMartinique/

Trik-trak musik!

Qui oserait interrompre une interprétation du talentueux QCM de La Martinique? “Youtube” le fait avec les plus grandes formations!

Une semaine “plantureuse”…un jeudi “gastronomique” (merci Anaïs!), un samedi “caraïbonomique” autour d’ un gigot d’agneau (merci Isabelle et Max!) et un dimanche les papilles flattées aux fumets d’un pot-au-feu “roboratif” (merci Béa!)… le temps d’une sieste royale était le bienvenu.

Je me couronnais de mon casque Bose et m’abandonnais aux bons soins des musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Berlin pour Concert de la Saint Sylvestre 2021! – ARTE Concert – La rediffusion m’était proposée par Youtube.

Au pupitre, Lahav Shani. Au programme, des œuvres de Johann Strauss, Max Bruch, Fritz Kreisler, Igor Stravinsky et Maurice Ravel. En soliste, la violoniste néerlandaise Janine Jansen. Le bonheur se profilait. S’amorçait…

Mais!

Aucune œuvre n’échappe à la hache Youtube de la publicité “locale”: Toyota Martinique, Azurel …

Le rêve se brisait à la bonne moitié de chaque œuvre pour enfin s’évanouir totalement.

Alors me direz-vous, j’aurais pu me connecter sur ARTE Replay. En effet. Mais consommant “pas mal” de “tutos” sur la philosophie… le bricolage et le travail du bois en particulier, cette audition faisait partie des propositions de Youtube. Alors pourquoi pas?

Pour les annonceurs qui ignorent sans doute ses intrusions sauvages, pourraient payer cher la méthode. En effet, franchement agacé, la vision de ces enseignes m’est devenue désagréable. L’arroseur arrosé!

A bon entendeur…

Mais ce concert est vraiment exceptionnel. J’irai de nouveau l’embrasser, mais sur ARTE Replay

Etienne Lallement – Saint-Joseph – La Martinique – le 16 janvier 2022

Cathédrale de verts…

L’épidémie de Covid 19 a, quelques temps, limité nos déplacements à un seul kilomètre autour de notre habitation. Nous avons donc décidé d’explorer ce périmètre à pieds.

Nous ignorons trop souvent les richesses qui gisent à notre portée la plus immédiate.

Nous avons découvert une flore et une faune exubérantes…et des voisins sur la porte de leur habitation. Ceux-ci, souvent, nous saluaient et bientôt, certains finirent par engager la conversation.

L’un d’entre eux nous a même ouvert le portail de sa propriété et permis de nous aventurer dans les sentes d’une forêt – tropicale bien sûr – où très peu de gens s’aventurent. Beaucoup de terrains restent en friche sur l’ile de La Martinique.

Descendre à la rivière” était notre but. La rivière “Monsieur“. Tel est son nom.

Un épais matelas de végétation accueille nos pas. Le bois mort craque sous nos chaussures. Bientôt, le seul bruit de l’eau nous attire vers le bas de la pente. Des enlacements de bambous dressent des vestiges gothiques par dessus nos têtes.

Des entrelacs de lianes et de branchages secs et cassants nous barrent souvent le chemin que nous retraçons. Nous n’avons pas de machettes, mais nos mains et nos pieds nous suffisent à frayer. Le balisage nous permet de trouver notre voie sans trop de difficultés, mais de gros arbres abattus nous obligent à quelques enjambées ou même quelques détours.

Les pluies ont précipité le bois fragile sur le chemin, creusé des ravines, miné le terrain et les rhizomes peinent à retenir la terre délavée.

A un détour, un arbre multicolore s’illumine sous le regard solaire perçant la canopée. Plus loin, quelques autres s’irisent et éclairent notre chemin. Dans cette cathédrale de verts, chacun de ces fûts est un vitrail.

Le bruit de l’eau se fait plus intense au fur et à mesure de notre descente. Nous croisons un tronc à l’agonie. Il se balance mollement et tend vers nous ses longues épines comme un ultime geste de défense et de révolte.

Et bientôt, le torrent apparait charriant une fraicheur salvatrice, sautant de pierre en pierre et chantant un hymne connu de lui seul. Un hymne de paix. Un refrain de liberté. Une mélodie de bonheur…

Mais il nous faut déjà remonter. Enchantés!

Un aller-retour d’une heure et demi pour un kilomètre et soixante mètres de dénivelé. Quatre vingt dix minutes de pur bonheur qui résonnent encore longtemps après notre retour malgré les bruits de la route de Redoute.

Etienne Lallement – le 03 octobre 2021 – à Saint Joseph – La Martinique

Valérie…

Valérie a 31 ans.

Valérie est morte du Covid.

Dans l’indifférence .

Sa mort viendra gonfler des statistiques d’un petit chiffre.

“Petit chiffre” viendra éclabousser l’écran de nos infos, aggloméré à d’autres petits chiffres. Par milliers.

Et pendant ce temps…

Les “Egos” continuent de s’exprimer, de s’escrimer dans des duels sans mort. Sans mort d'”Egos”.

Le virus n’existe pas!” colportent les uns!

Les “contres” fustigent les “partisans”. Les “opposants” condamnent. Les “pours” lancent des anathèmes.

La rue, les écrans exhibent des troupeaux bêlants, accrochés fermement à une idée. Le panurgisme rassure . Une idée fédère. Peu importe l’idée après tout. Les manipulateurs exultent dans l’ombre. La sacro-sainte “Liberté” qui écorche les bouches, roule dans le caniveau. Tout se sait sur chacun d’entre nous et ce n’est pas un “pass” qui entamera une liberté illusoire. Toutes les cartes de notre portefeuilles nous trahissent. La carte Vital – mais peut-on faire l’impasse sur l’intérêt d’une telle carte – permet de tout connaître, dans les moindres détails, sur notre état de santé. Physique et mental. Le simple fichier des “contraventions aux infractions routières” est une mine de renseignements. La nouvelle carte nationale d’identité comporte un QR-Code.

Extrait d’un article tiré de la RevueNumerama– sous la plume de Julien Lausson – daté du 23 octobre 2019.

C’est ce qu’on appelle le « data mining » : l’exploration de données. Par ailleurs, Bercy mobilise d’autres sources : impôt sur le revenu, contrôle fiscal, taxe d’habitation, consultation des moyens de paiement automatisés, recouvrement contentieux de l’impôt direct, documentation cadastrale, etc. Des données issues de bases privées, d’organismes sociaux et d’autres administrations peuvent aussi servir.

Il s’agirait de ne pas se tromper de combat. Il est vrai que le “combat à idée simple et unique” est plus fédérateur.

Et pendant que nous polémiquons, des Valérie meurent par dizaines dans l’indifférence!

Etienne Lallement – le 21 août 2021 – Saint-Joseph – La Martinique

Folie virale…

Un ami vient de perdre une nièce.

Mourir de maladie, d’un virus. Soit!

Que la bêtise humaine s’en mêle révolte! Mais qui se révolte?

“Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir!”

Qui reconnaîtra son erreur parmi tant d’autres? Celui qui crie a souvent tord et les décibels lui servent d’arguments et rassurent les moutons dressés à l’obéissance aux aboiements des chiens. Tout autant coupable, celui qui se tait. Tout autant coupables ceux qui accordent leur haine à la haine des moutons aveuglés, des moutons apeurés broutant des herbes putrides des prés intoxiquant!

Par intérêts personnels, l’humain est prédateur. L’humain est pusillanime. L’humain reste indifférent.

L’intérêt collectif a-t-il encore un sens?

Etre “Humain” a-t-il encore un sens?

Etienne Lallement – 19 août 2021

La nouvelle du décès à peine parvenue, nous entendions et avons réécouté cette chanson de Jean Ferrat. Décidemment, le hasard n’existe pas. Titre de l’album: “Dans la jungle ou le zoo”.

Tel est la question…

Enfin, une des questions…

Une question multiple…

Un acte peut-il être jugé – “bon” ou “mauvais” – en raison des motivations qui l’ont induit ou en fonction des conséquences qu’il a provoquées? Une cause “immorale” peut-elle condamner un acte aux effets “moraux”?

Peut-on condamner Robin des Bois qui détrousse les riches au bénéfice des pauvres? Déjà là, les discussions s’engagent, les avis se nuancent. S’opposent!

Qu’en est-il du soldat “meurtrier sur ordre” dont les arguments des dirigeants ont libéré la conscience et motivé la volonté?

Peut-on condamner les Compagnons d’Emmaüs de l’abbé Pierre de réhabiliter des maisons murées par leurs propriétaires, afin d’y loger des sans-abris? Lors d’une conférence de presse, nous faisions remarquer à l’abbé Pierre que de plus en plus il mettait son association et bien sûr ses membres, en contradiction avec la loi. Sa réponse fut nette : “Il faut savoir braver la loi quand elle ne respecte pas et bafoue la personne humaine, “.

Quand j’étais en Inde, j’ai pu constater que les “pauvres” étaient accueillis chaque jour dans des cantines où ils pouvaient se restaurer. L’opposition criait à la démagogie. Il est vrai que la présidente de Tamil-Nadu (76 millions d’habitants) était, sans doute, une démagogue. Un arrivage de riz envoyé par la France avait été détourné et le portrait et le nom de la présidente avaient été plaqués sur tous les sacs de céréale avant qu’ils soient distribué. Néanmoins, cette même présidente avait été arrêtée pendant son mandat et condamnée à 4 ans de prison. Cela provoqua des émeutes et quatre suicides.

Une révolution violente peut-elle se justifier?

A question simple, les réponses sont multiples et contradictoires.

Allons plus loin…

Le bien et le mal sont-ils des réalités?

Qui a la capacité de les distinguer?

La morale peut-elle se distinguer de la loi? La loi peut-elle enfreindre la morale?

La loi peut-elle être en adéquation avec “LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE”?

Etienne Lallement – le 23 mars 2021 – Saint-Joseph – La Martinique