Éclats Malgaches

A notre descente de l’avion, le temps d’arrimer nos valises sur le toit de notre taxi neuf-places baptisé pompeusement « Grand-Starex » et nous voilà partis vers notre hôtel.

Une heure de trajet hors du temps. Très vite, la misère borde les rues. Des enfants tout sourire empoignent notre véhicule par toute aspérité. Leurs doigts de préférence agrippent le caoutchouc des fenêtres. Ils courent au rythme de notre engin englué dans les embouteillages. Leurs sourires éclatant nous insultent. L’un d’entre eux lâche prise et aussitôt un autre prend la relève bravant le danger. A l’autre flanc de notre véhicule, des mères, souvent jeunes, adolescentes, leurs bébés dans les bras tendent leurs mains suppliantes. La lassitude et la désespérance ont terni, déjà, les éclats de jeunesse qui paraient, jadis, leurs visages d’icônes. Les vierges sont devenues martyres le temps d’un coït. Notre véhicule s’éloigne. Les sourires juvéniles et maternelles s’estompent. Ils retournent à leur quotidienne grisaille attendant des hôtes plus généreux. Deux ans de vie en Indes m’ont appris que notre « générosité » doit être ciblée et discrète au risque de provoquer des querelles, des rixes, voire des émeutes autour de soi.

J’ai revêtu mon costume, ceint mes décors de « dignitaire » franc-maçon : je ne me sentais pas « à l’aise ». Malaise… Mes « ors » tremblaient, fébriles, face aux oripeaux, guirlandes indécentes, oriflammes de misère qui agitaient la rue. La pompe maçonnique peut-elle creuser un nid dans l’abject ?

La pauvreté est l’émulsifiant de la dictature. Un peuple maintenu dans la misère mange dans la main du dictateur et y abandonne sa liberté. La becqué et le verre d’eau confortent l’être dans sa condition d’esclave. Ce sont les bourgeois qui font la révolution.

A l’allumage du triangle « Lapa Masoandra » – Palais du Soleil -, le temple était décoré de 27 représentations : Dignitaires, Vénérables et Maîtres rivalisaient de « pompes ».

Après réflexions…

Le peuple malgache, comme tout autre et plus que tout autre, a besoin de la Franc-maçonnerie. Apprendre à lire et écrire, éduquer l’esprit critique… aux plus humbles. Un être qui porte un tablier d’apprenti, de compagnons, une écharpe de maître est un être sur la voie de la libération.  La révolution n’est pas de notre fait, nous « l’étranger » : seul, nous incombe la « transmission ». De longs et pénibles efforts sont, seront nécessaires. Longtemps !  Avec le temps, tout arrive pour ceux qui veulent s’en donner la peine.

A nous, il appartient de donner des « impulsions », des « outils » : pas plus !

Madagascar aux Malgaches. L’Art Royal pour tous.

Nous rentrons de tenue : notre véhicule contourne un homme couché sur la chaussée. Il est reniflé par des chiens. Il est vivant. Encore. Notre hôtel est à quelques mètres.

Au risque de déplaire,

Texte et photo- Etienne Lallement – le 9 avril 2024

Pour en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Madagascar

Pérégrination en pierres et lumières!

Cathédrale d’Amiens.

Pour Louise-Marie, pour Pierre-Yves, pour tous ceux qui se battent dans l’ombre et la lumière, pour ceux qui se battent pour eux, ceux qui se battent pour les autres. Ceux qui se battent pour tous…pour ceux qui abandonnent la lutte!

Pour eux tous, nous avons griffé de nos regards la pierre du sacre en quête du beau, du fort, du sage.

Nous avons reçu l’éblouissement de la pierre qui parle sous la caresse de la lumière, celle qui éblouit, celle qui chuchote. Celle qui se tait. Cette pierre qui se révèle à l’être réceptif, à l’humain disponible aux effluves de la transcendance.

Y en a marre des vœux!

« Apollonia d’Illyrie » ruines d’une ancienne cité romaine en Albanie: les civilisations s’écroulent. La nôtre n’échappera pas à la règle. Rien ne sert de se lamenter! Battons-nous, non pour sauver notre civilisation, mais pour nous sauver nous-même.

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Pour moi, le vertige de la page blanche empire d’année en année quand il s’agit de formuler des vœux.

Chaque année nous remettons « le couvert »! A couvert de formules éculées, nous pensons pouvoir nous dispenser de nos obligations, de nos devoirs face aux « autres »! La politesse nous tient lieu de saufconduit.

Pire! Internet et ses multiples médias, d’un rapide « surlignement« , propulsent à des centaines – voire des milliers – d' »autruis« , des vœux insincères.

« Ô fantômes que nous qualifions d’amis! ».

L’époque épistolaire quand la carte et le timbre se faisaient payer, réduisait la liste de nos relations d’une façon drastique. Des amis triés sur le volet! Sans doute, les plus vrais!

Le passage d’une année à l’autre, nous transforme en perroquets bien éduqués. Sociables à souhaits. « Ego » est-il content? Même pas. Si par faiblesse ou politesse, nous poursuivons notre échange par un « Comment ça va? » force est de constater que les vœux de l’année précédente sont restés « lettres-mortes » et ont été, à n’en pas douter, contre-productifs.

Alors, cette année, changeons de formule. Osons dire autour de nous:

« Bouge-toi le cul!« , « Bougez vous le cul! Que diable!!!

Bon. Il est vrai que face à ma bouchère, à ma boulangère, à ma caissière, je vais très certainement hésiter à lancer ma formule à l’emporte-pièce et que, peut-être, sans doute, je serais privé d’étrennes.

Bon. Je vais faire en sorte de bouger mon propre cul…

Qui m’aiment peu ou prou – ou même, ne m’aiment pas – me suive ou me précède!

Pour 2024, tuons les cassandres en nous qui nous pourrissent la vie et la santé et …

« Bougeons-nous le cul! ».

Souhaitons-nous pour 2024, une année de remue-ménages! 2024, une année de remue-méninges! 2024, une année d’actions!

Etienne Lallement – 18 décembre 2023

pour mémoire : https://sydrach357.com/2022/12/

En savoir plus:https://fr.wikipedia.org/wiki/Apollonia_d%27Illyrie

Sentier des deux bois…

Le Bois des Dames, la Louvière

Je désire reprendre l‘exploration de mon périmètre naturel de vie où je l’avais abandonnée avant-hier. Pour cela, je rebrousse la descente pavée des Hayettes. Ce petit chemin sentira bientôt la noisette. Pour l’instant, s’épanouissent sur ses flancs, des fruits d’églantiers que savants appellent les cynorhodons et que, dans ma jeunesse, nous appelions d’un nom désormais interdit sur Google pour atteinte aux bonnes mœurs : les « gratte-c.l! Plus loin, une guêpe? Pas du tout, un syrphe ceinturé, notre alliée contre les pucerons. Des framboises débordent devant moi: elles attendent les gourmands dans quelques jours, au terme de leur brunissement.

Je continue l’exploration de mon environnement…il suffit de ne pas passer le pont pour rejoindre la forêt du bois des Dames. Virage à gauche!

Ma pérégrination se faufile entre la rivière La Lawe et une rangée de pavillons où hurlent des bergers-allemands, où s’égosille un roquet pomponné, où se surexcitent des bâtards hargneux: la promesse de sécurité est à ce prix. Je presse le pas…

Malgré les vociférations canines, la nature rehausse de sa beauté les bas-côtés oubliés par l’homme et ses machines. Une linaire-commune agite ses calices. Une abeille, cette fois, s’équilibre et butine au sommet d’une porcelle-enracinée.

Puis, la délivrance à l’orée de la forêt précédée d’un tapis pastel : impressionnisme végétal d’un paysagiste, paysan inspiré. Tel un pinceau abandonné au bord de la palette après l’ouvrage, un pois-de-senteur est bien isolé sur le bord du chemin.

Puis la forêt s’ouvre et je suis rapidement happé, englouti dans un monde de bouleaux, de hêtres, de châtaigniers, de chênes même… Une cathédrale de silence. Silence mystère, silence mystique, silence sacré. Les papillons de chœurs vêtus d’ailes blanches immaculées, virevoltent jusqu’à m’effleurer et tirent mon regard vers la canopée. D’entre ses entrelacs de verdure, la voute gothique libère à foison des colonnes de lumière céleste qui dessine sous mes pieds des labyrinthes ondoyants.

Une alternative: Le sentier du Bois des Dames ou le sentier de la Louvière. Pour aujourd’hui, ce sera La Louvière.

Quelques infos glanés sur les panneaux plantés à l’entrée du site du côté de Lapugnoy: « Le bois repose sur une bute sableuse datant du Tertiaire (- 65 millions d’années à – 1,8 millions d’années), témoin du va et vient de la mer pendant des millions d’années. Ce substrat est peu répandu en région. Exploité au cours du XXème siècle probablement pour la verrerie, sont usage a cessé dans les années 1960, laissant place à des pelouses acidiphiles (qui se développent sur sols acides, riches en silice), habitat très rare et menacé en région. Plus de 500 mares font l’originalité du site. Leur origine est peut-être due aux bombardements lors de la Seconde Guerre Mondiale. C’est un lieu de vie précieux, mais qui se fait de plus en plus rare. Avec une superficie de 22,42 hectares, le bois de La Louvière est la seules partie communale du massif forestier du Bois des Dames (630 hectares) poumon vert du triangle constitué des villes de Béthune, Bruay-la-Buissière et Marles les Mines. Le bois de La Louvière présente de grandes similitudes avec celui de Roquelaure, situé non loin. Le site possède une physionomie tout à fait originale de par l’alternance de milieux secs et humides et la présence de plus de 500 mares, de petits suintements et d’une ancienne sablière. La richesse des habitats s’accompagne d’une diversité d’espèces remarquables. Plus de 180 espèces de végétaux et la faune n’est pas en reste: 46 espèces d’oiseaux, 8 espèces d’amphibiens, 23 espèces de papillons, 7 espèces de libellules recensées à ce jours. Parmi les amphibiens, la salamandre tachetée. cet amphibien nocturne dort la journée sous un tas de feuilles ou dans le creux d’une souche. La salamandre va très rarement dans l’eau mais vit près des cours d’eau ou des mares peu profondes où elle va pondre.

J’aime savoir où je mets les pieds, où je pose les yeux, où j’inspire: ces panneaux sont indispensables pour s’imprégner différemment de ce petit paradis sylvestre. La réceptivité, la sensibilité de mes sens furent bien différentes sur le retour.

Le bois de La Louvière, le bois des Dames cours y vite! cours y vite! L’automne devrait de ces futaies et taillis faire jaillir des explosions de couleurs chaudes et nuancées. Ephémères! Cours y vite, elles vont filer!

Etienne Lallement le 11 septembre 2023

pour en savoir plus :

https://www.lavoixdunord.fr/644848/article/2019-10-06/bruay-la-buissiere-le-bois-des-dames-vestige-du-moyen-age

Paul Fort: https://www.poemes.co/le-bonheur-paul-fort.html

EXPO PHOTO: « Voyage en Orient »

PROCHAINEMENT:
Photographies de Pascal Brunet réalisées lors d’un road trip dans l’Arunachal Pradesh, le Nagaland, l’Assam (Inde du Nord) jusqu’en Birmanie. Des scènes de vie au quotidien d’une population extraordinairement accueillante, tellement loin de l’effervescence du monde moderne !
Du monastère de Tawang, situé à la frontière du Bhoutan, jusqu’à l’île de Majuli sur le fleuve Brahmapoutre et le parc national de Kaziranga, je vous propose une plongée dans l’intime des habitants de ces régions. Des gestes simples, des regards, des échanges fugaces mais authentiques…

Pascal Brunet photographe – contact : pascal-brunet.com – expo : La Pescherie – Chaussée Brunehaut – Sainte-Catherine-les-Arras – Pas-de-Calais – Haut-de-France – France

8Q36+FH Sainte-Catherine

A noter sur vos agendas, du vendredi 03 décembre 18h30 au dimanche 05 décembre 18h00.

Cathédrale de verts…

L’épidémie de Covid 19 a, quelques temps, limité nos déplacements à un seul kilomètre autour de notre habitation. Nous avons donc décidé d’explorer ce périmètre à pieds.

Nous ignorons trop souvent les richesses qui gisent à notre portée la plus immédiate.

Nous avons découvert une flore et une faune exubérantes…et des voisins sur la porte de leur habitation. Ceux-ci, souvent, nous saluaient et bientôt, certains finirent par engager la conversation.

L’un d’entre eux nous a même ouvert le portail de sa propriété et permis de nous aventurer dans les sentes d’une forêt – tropicale bien sûr – où très peu de gens s’aventurent. Beaucoup de terrains restent en friche sur l’ile de La Martinique.

« Descendre à la rivière » était notre but. La rivière « Monsieur« . Tel est son nom.

Un épais matelas de végétation accueille nos pas. Le bois mort craque sous nos chaussures. Bientôt, le seul bruit de l’eau nous attire vers le bas de la pente. Des enlacements de bambous dressent des vestiges gothiques par dessus nos têtes.

Des entrelacs de lianes et de branchages secs et cassants nous barrent souvent le chemin que nous retraçons. Nous n’avons pas de machettes, mais nos mains et nos pieds nous suffisent à frayer. Le balisage nous permet de trouver notre voie sans trop de difficultés, mais de gros arbres abattus nous obligent à quelques enjambées ou même quelques détours.

Les pluies ont précipité le bois fragile sur le chemin, creusé des ravines, miné le terrain et les rhizomes peinent à retenir la terre délavée.

A un détour, un arbre multicolore s’illumine sous le regard solaire perçant la canopée. Plus loin, quelques autres s’irisent et éclairent notre chemin. Dans cette cathédrale de verts, chacun de ces fûts est un vitrail.

Le bruit de l’eau se fait plus intense au fur et à mesure de notre descente. Nous croisons un tronc à l’agonie. Il se balance mollement et tend vers nous ses longues épines comme un ultime geste de défense et de révolte.

Et bientôt, le torrent apparait charriant une fraicheur salvatrice, sautant de pierre en pierre et chantant un hymne connu de lui seul. Un hymne de paix. Un refrain de liberté. Une mélodie de bonheur…

Mais il nous faut déjà remonter. Enchantés!

Un aller-retour d’une heure et demi pour un kilomètre et soixante mètres de dénivelé. Quatre vingt dix minutes de pur bonheur qui résonnent encore longtemps après notre retour malgré les bruits de la route de Redoute.

Etienne Lallement – le 03 octobre 2021 – à Saint Joseph – La Martinique

La Martinique : le Bélé

La Martinique se prépare activement à « l’après Covid 19 », se prépare à retrouver ses danses et le « Bélé » en particulier. Souvenir de 2015. Nous découvrions à l’époque le Bélé sur la plage du Vauclin pour la première fois depuis notre arrivé sur l’île aux Fleurs.

Etienne Lallement – 2015

pour en savoir plus le Bélé : http://www.lamaisondubele.fr/l-histoire-du-bele/quest-ce-que-le-bele

La connaissance est une errance

La connaissance est une errance.

Acceptons les aventures, les exaltations et les périls. Dans les méandres des pleins et des déliés de nos lectures, la mémoire allume des déviations.

Ainsi sévit la vie.

Jamais d’impasse. Des nouveaux mondes.

« La disponibilité d’esprit et la réceptivité spirituelle » mènent à l’émerveillement.

Le train d’« Enfer » de Dante conduit sur les chemins symboliques de « la Divine Comédie ».

Notre comédie. Notre vie.

La théocratie pharaonique de Schwaller-de-Lubicz m’attendait au tournant. Nag Hammadi – et « sa » gnose – me rappelle à son bon souvenir. Michel Serres dresse ses « Statues », calvaires à la croisée des chemins. « La République » sort d’un sommeil de presque un demi-siècle.  Platon sort de l’enfer du temps. Socrate, Glaucon et Thrasymaque soulèvent déjà la question qui agite le XXIème siècle.

« Qu’est-ce que le comportement juste ? ».

La question reste posée et restera posée encore longtemps. Peu importe ! Je ne cherche pas de réponses à mes questions. J’apprends à vivre avec…et par elles.

Etienne Lallement – le 30 mai 2020 –

Chemine-toi, toi-même…

L’œil était dans la tombe et regardait Sylvain. Mais Sylvain refuse la tombe des morts. Sylvain refuse la tombe des vivants: l’inhumation en terre trop connue. Vivre, revivre hors des chantiers battus, rebattus, trop battus, combattus pour des victoires qui ne seraient, qui ne seront que des Verdun. Des Hiroshima. Des mangeoires à souvenirs et nostalgie. Sans bonheur.

Ici, c’est la narration d’une résurrection-en-pérégrinité par la reconstruction « Sur les chemins noirs » d’une diagonale en « Hex-agonie ». A lire, le chemin parait facile. Qui sait écouter ce qu’il lit, découvre un chemin initiatique qui part de la chute imbécile, jusqu’au réveil humble et triomphant, car il s’agit bien d’une victoire. Adam retrouve le chemin d’Eden. Ce mettre en chemin, c’est prendre du recul face à la vie de nos « Temps Modernes » en ayant l’honnêteté de porter à ces temps critiquables et critiqués, le témoignage de la richesse du progrès, d’un certain progrès, et de porter témoignage de la misère des ébranlements fruits de la démesure des ambitions des « Apprentis-sorciers » qui régulent la « Société ». La nôtre.

Sylvain Tesson garde ses distances et gagne la clairvoyance du chemineau-philosophe. Son regard est sans concession et quelque peu désabusé face au « monde ». Peu importe que ce monde qui est le sien, coure à sa perte, sa perte d’identité, Sylvain Tesson a appris à vivre « presque » sans lui pour parcourir le « chemine-toi, toi-même ».

Le bonheur est sur le chemin: merci la vie d’avoir sauvé Sylvain Tesson.

Etienne Lallement – 21 septembre 2019

PS: La lecture en novembre 2011 de « Dans les forêts de Sibérie » de Sylvain Tesson m’avait enthousiasmé.

Sa vie fut belle

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Je ne l’aurai pas acheté. Il m’a été offert. J’y ai puisé un plaisir certain. L’auteur « mondain » et parfois « demi-mondain » sacrifiait au culte de la culture jusque l’excès.      Jean d’Ormesson agace certains – et même beaucoup – sans doute par une primesautière aisance verbale gavée de connaissances. Jean d’Ormesson ne sait pas. Il connaît. Il pousse à l’extrême sa feinte fausse modestie qui humilie ceux qui babillent un « cultirissime » savoir, mais excite son complice, le folliculaire en panne de paillettes. Il aime ça, le bougre ! Tendre humour vache !

Jean a fait du « d’Ormesson » toute sa vie, sans le savoir, sauf, peut-être, les dernières années où il « sur-jouait » son rôle. Pour les attardés de la télé-réalité – triste réalité – et les académiciens ou savants « cultivés », parmi ceux qui connaissent – les plus nombreux – et ceux qui savent – les plus humbles – les feux des médias incendient plus qu’ils n’éclairent.

Presque 400 pages d’introduction historique pour, enfin, attaquer le vif du sujet : « …du destin des hommes, de leurs passions, de leur éternel désir, de leurs folies et des règles qu’ils s’imposent pour tenter de vivre ensemble». (page 384)

Pour narrer l’histoire de sa propre vie et introduire « la Vie » il égrène 1 198 noms d’illustres ou discrets personnages qui l’ont marqué au cœur et à l’esprit. Il égrène 467 lieux qu’il fréquenta par la vie, par l’étude, par le rêve. Il porte témoignages pour celles et ceux qui forgèrent ce qu’il est devenu. Il se reconnait « des maîtres » et leur rend hommage : les Hommes les plus illustres sont les fruits de découvreurs. D’Initiateurs. C’est un témoignage d’Histoire vécue sur la scène, côté cours, côté jardin, ou sous les feux de la rampe. Acteur, il fût. Visions non objectives sans doute mais re-visionnées, dans cette dernière révérence, par le petit bout de la lorgnette. Attention, les chapitres sont longs et difficiles à scinder. Tout en lisant. Il faut au lecteur savoir suspendre sa lecture sinon la lassitude ou, pire, la somnolence le guette.

Un juge « sur-moi » bricolé renvoie Jean face à Jean. Monsieur se flagelle, fier de son humilité et de son humble outrecuidance envers lui-même comme envers les autres. Mais, je reste persuadé que l’homme « d’Ormesson » est honnête. Il se pique de tout et de rien – ou presque – et « c’est là son moindre défaut ».

Etienne Lallement [6 juillet 2018]

« Je dirai malgré tout que cette vie fût belle »         496 pages, 140 x 205 mm

Collection Blanche, Gallimard
Parution : 01-01-2016

Genre : Mémoires et autobiographies Catégorie > Sous-catégorie : Littérature française > Mémoires et autobiographies
Époque : XXe-XXIe siècle
ISBN : 9782070178292 – Gencode : 9782070178292 – Code distributeur : A17829