Sentier des deux bois…

Le Bois des Dames, la Louvière

Je désire reprendre l‘exploration de mon périmètre naturel de vie où je l’avais abandonnée avant-hier. Pour cela, je rebrousse la descente pavée des Hayettes. Ce petit chemin sentira bientôt la noisette. Pour l’instant, s’épanouissent sur ses flancs, des fruits d’églantiers que savants appellent les cynorhodons et que, dans ma jeunesse, nous appelions d’un nom désormais interdit sur Google pour atteinte aux bonnes mœurs : les “gratte-c.l! Plus loin, une guêpe? Pas du tout, un syrphe ceinturé, notre alliée contre les pucerons. Des framboises débordent devant moi: elles attendent les gourmands dans quelques jours, au terme de leur brunissement.

Je continue l’exploration de mon environnement…il suffit de ne pas passer le pont pour rejoindre la forêt du bois des Dames. Virage à gauche!

Ma pérégrination se faufile entre la rivière La Lawe et une rangée de pavillons où hurlent des bergers-allemands, où s’égosille un roquet pomponné, où se surexcitent des bâtards hargneux: la promesse de sécurité est à ce prix. Je presse le pas…

Malgré les vociférations canines, la nature rehausse de sa beauté les bas-côtés oubliés par l’homme et ses machines. Une linaire-commune agite ses calices. Une abeille, cette fois, s’équilibre et butine au sommet d’une porcelle-enracinée.

Puis, la délivrance à l’orée de la forêt précédée d’un tapis pastel : impressionnisme végétal d’un paysagiste, paysan inspiré. Tel un pinceau abandonné au bord de la palette après l’ouvrage, un pois-de-senteur est bien isolé sur le bord du chemin.

Puis la forêt s’ouvre et je suis rapidement happé, englouti dans un monde de bouleaux, de hêtres, de châtaigniers, de chênes même… Une cathédrale de silence. Silence mystère, silence mystique, silence sacré. Les papillons de chœurs vêtus d’ailes blanches immaculées, virevoltent jusqu’à m’effleurer et tirent mon regard vers la canopée. D’entre ses entrelacs de verdure, la voute gothique libère à foison des colonnes de lumière céleste qui dessine sous mes pieds des labyrinthes ondoyants.

Une alternative: Le sentier du Bois des Dames ou le sentier de la Louvière. Pour aujourd’hui, ce sera La Louvière.

Quelques infos glanés sur les panneaux plantés à l’entrée du site du côté de Lapugnoy: “Le bois repose sur une bute sableuse datant du Tertiaire (- 65 millions d’années à – 1,8 millions d’années), témoin du va et vient de la mer pendant des millions d’années. Ce substrat est peu répandu en région. Exploité au cours du XXème siècle probablement pour la verrerie, sont usage a cessé dans les années 1960, laissant place à des pelouses acidiphiles (qui se développent sur sols acides, riches en silice), habitat très rare et menacé en région. Plus de 500 mares font l’originalité du site. Leur origine est peut-être due aux bombardements lors de la Seconde Guerre Mondiale. C’est un lieu de vie précieux, mais qui se fait de plus en plus rare. Avec une superficie de 22,42 hectares, le bois de La Louvière est la seules partie communale du massif forestier du Bois des Dames (630 hectares) poumon vert du triangle constitué des villes de Béthune, Bruay-la-Buissière et Marles les Mines. Le bois de La Louvière présente de grandes similitudes avec celui de Roquelaure, situé non loin. Le site possède une physionomie tout à fait originale de par l’alternance de milieux secs et humides et la présence de plus de 500 mares, de petits suintements et d’une ancienne sablière. La richesse des habitats s’accompagne d’une diversité d’espèces remarquables. Plus de 180 espèces de végétaux et la faune n’est pas en reste: 46 espèces d’oiseaux, 8 espèces d’amphibiens, 23 espèces de papillons, 7 espèces de libellules recensées à ce jours. Parmi les amphibiens, la salamandre tachetée. cet amphibien nocturne dort la journée sous un tas de feuilles ou dans le creux d’une souche. La salamandre va très rarement dans l’eau mais vit près des cours d’eau ou des mares peu profondes où elle va pondre.

J’aime savoir où je mets les pieds, où je pose les yeux, où j’inspire: ces panneaux sont indispensables pour s’imprégner différemment de ce petit paradis sylvestre. La réceptivité, la sensibilité de mes sens furent bien différentes sur le retour.

Le bois de La Louvière, le bois des Dames cours y vite! cours y vite! L’automne devrait de ces futaies et taillis faire jaillir des explosions de couleurs chaudes et nuancées. Ephémères! Cours y vite, elles vont filer!

Etienne Lallement le 11 septembre 2023

pour en savoir plus :

https://www.lavoixdunord.fr/644848/article/2019-10-06/bruay-la-buissiere-le-bois-des-dames-vestige-du-moyen-age

Paul Fort: https://www.poemes.co/le-bonheur-paul-fort.html

Canicule! Je déambule!

Je découvre peu à peu le village de La Buissière…

Depuis le chemin des Hayettes, à angle droit, le chemin s’enfonce sous la ramure… Un nouveau virage à droite… Quelques troncs centenaires, abattus, agonisent aux bas côtés, abandonnés.

Quelques dizaines de mètres encore et des ruines sortent, avec peine, des ombrages.

Elles sont des vestiges du XXème siècle. Notre civilisation bâtit dans l’éphémère. A peine élevés de quelques dizaines d’années, les châteaux-béton s’effritent et s’inclinent devant une nature en reconquête.

Non loin de là, de sa blancheur calcaire, le donjon multi-centenaire cristallise la radiation solaire. Il réfléchit. Fort de ses huit siècles d’érection chaotique, il semble narguer ces bastions de béton dit “armé” aux pouvoirs dérisoires et aux crénelages inutiles.

Un panneau annonce la restauration des jeunes ruines, mais déjà les dates de décisions, de consultations en mairie sont effacées. Démarrage des travaux “sine die”…

Point d’arbalètes, point de bombardes… la nature renforce son siège et s’infiltre…

Ces musiques qui nous font du bien…

Après 10 ans d’absence de la France métropolitaine, je reprends “racines” dans mon pays natal. Plus particulièrement avec “son peuple”.

Ce matin, 5 juin 2023, j’écoutais sur France-Musique des responsables de “fanfares” déplorer d’être les parents pauvres de la musique en France. Je pensais à cette audition hier à La Buissière, de l’ensemble de percussion du Conservatoire Communautaire de Béthune-Bruay, ainsi que le concert de printemps de l’Harmonie de La Buissière. Ici aussi, n’y a t-il pas un manque de diffusion, de communication pour les ensembles “Amateurs” capables d’offrir des concerts de niveaux “très-honorables”. Euphémisme!

Nos oreilles étaient à la fête.

Mon absence – 10 ans c’est long – ne m’a pas permis de découvrir cette phalange du conservatoire: les percussions. Surprise! Je suis surpris par leur nombre, leur diversité, la passion de nombreux “artistes” de tous âges agiles à frapper de leurs maillets les lames de bois ou de métal. la jeunesse des “artistes” nous conforte quant à l’avenir de la musique et des “bienfaits” sur notre territoire. A suivre…

En seconde partie, c’est l’Harmonie de La Buissière qui célèbre le printemps. Ici encore la qualité et plus encore l’émotion sont au rendez-vous. Harmonie et Intergénération rendent à l’évidence que la musique est un médiateur irremplaçable entre les êtres de tous âges. la musique, certes, mais toute forme d’Art. L’Art doit être au coeur de toute éducation et non pas le parent pauvre comme trop souvent. L’Harmonie – le Beau – engendre la Paix!

Si la musique souffle l’émotion, en cette journée de printemps, le souvenir de Geoffrey Verstavel planait sur les mélodies. Geoffrey était avec sa famille et soutenu par l’actrice Marion Game, à la pointe du combat contre la mucoviscidose, maladie qui devait l’emporter en janvier dernier à l’âge de 34 ans.

Le maestro Frédéric Lorthios salue la famille de Geoffrey à l’issue du concert.

Les amis percussionnistes de Geoffrey Verstavel et l’Harmonie de La Buissière terminèrent le concert par une interprétation commune de la chanson de Gilbert Bécaud : “et maintenant que vais-je faire? de tout ce temps que sera ma vie … en ultime hommage à Geoffrey. Emotion!

Autour du château de La Buissière

Je n’ai plus rien écrit, j’ai délaissé mon appareil photo depuis le départ de Béatrice.

Depuis une semaine, j’ai repris la plume et l’objectif…

Ce matin, le soleil m’aspire en dehors de chez moi. Je pars à la (re)découverte de mon quartier, de mon village. Pour cette renaissance, je dirige mes pas vers les ruines du donjon qui surplombe l’école où aujourd’hui s’anime la kermesse de fin d’année scolaire: “Alexandrie! Alexandra!” Claude François a encore la côte au XXIème siècle!

Je dépasse la fête. Mes pensées vagabondent et devant la tour d’un autre âge se profile le souvenir de “Monsieur” Paul Van Wymeersch, historien de passion avec qui j’avais eu le privilège de m’instruire de l’histoire locale pendant que son épouse et ma maman partageaient des souvenirs de “l’occupation“: une partie de leur jeunesse.

Avec Paul, nous étions plutôt au Moyen-Âge local et régional, ses remparts, sa noblesse, son Histoire. Ses histoires: guerres et intrigues, mariages et trahisons emplissaient la voix forte de l’historien passionné. Passionnant. La dernière “trahison” qu’il évoquait avec emportement était “la fusion de La Buissière avec Bruay”.

La bâtisse ne lève plus vers le ciel que son donjon féodal: les remparts s’ils avaient résisté au combats de près sept siècles de guerres, n’ont pas résisté à la pioche des démolisseurs fourbie par le désintérêt et les besoins d’espace nécessaire “aux affaires”.

Ayant fait le tour du doigt dressé vers le ciel, je vagabondais dans les environs…

La porte arrière du stade-vélodrome: fin des années 1950, j’allais m’égosiller pour supporter l’équipe de “foot” de Bruay-en-Artois au grand dam de mon grand-père “pépé Antony”. Il faut dire que je répétais en criant bien fort et ramenais à la maison une belle collection d’insultes, d’injures et de “gros-mots”. Je m’empressais de les transmettre à mes petits camarades de l’école Pasteur. L’arbitre et les joueurs en prenaient plein leur grade. “Vae victis” aurait dit Brennus!

Etienne Lallement – 3 juin 2023 –

Bruay-la-Buissière

les ouvrages de Paul Van Wymeersch à la Médiathèque de Bruay-la-Buissière

Ah! ça ira! ça ira! ça ira! ça ira!!! en 2023!

Haillicourt – 2022

2023

Et si nous faisions la révolution ?

« Encore une révolte ? »

Non une révolution !

Une vraie Révolution !

Nous partirions à l’assaut de la Bastille !

De notre bastille 

Où croupissent,

A pont-levis relevé,

A huis-clos,

Quelques faux-monnayeurs,

Un monstre pervers,

Un régicide entravé, abandonné, oublié…

Un fou…sans raison

Une bastille où

Court un rat,

S’égare et tisse une araignée,

Une bastille où

La pierre suinte irradiée de salpêtre,

Où le courant d’air

Se gonfle et se divise en mortel messager par le feu ou la glace

Une bastille où rouille le fer,

Où claque la porte,

Où crisse le gond,

Où geint la serrure,

Où grince le pêne,

Où s’alourdit la peine,

Sans gêne !

Une bastille à démanteler pierre à pierre…

« Passer de l’empire à la république ? »

Non ! passer de l’empire à la fraternité…

« Mais la fraternité est corrompue !!!??? »

Elle balbutie…reste à construire et à réaliser…

Pour la fraternité, mille fois et plus «*sur le métier remettons notre ouvrage,

Polissons le sans cesse et le repolissons » !

Mais pour le moins, pour l’an qui vient,

Passons de l’an pire à l’an mieux !

Heureuse Année !

A ceux qui m’aiment,

A ceux qui me détestent,

A ceux qui m’ignorent…

Heureuse Année à TOUS car nous avons tous à gagner du bonheur de tous !

Etienne Lallement

Décembre 2022

D’après *L’Art Poétique de Nicolas Boileau — « Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, / Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. »

La Bastille

Nerfs de la guerre! Nerfs de la Paix

Les commémorations du même évènement peuvent prendre des aspects bien différents. Ce 11 novembre 2022 en est tout un symbole. Revenant de la cérémonie organisée par la commune de Calonne-Ricouart, j’ai assisté à l’essentiel de la cérémonie de la ville de Bruay-la-Buissière.

Le contraste est saisissant! Bruay-la-Buissière – 21 000 habitants, Calonne-Ricouart – 6 000 habitants sont aux antipodes “cérémoniels”.

A Calonne-Ricouart, les enfants sont au centre de l’évènement. Hormis le maire, ils sont “la parole” de l’évènement: discours, pages de mémoire, création de textes, poésie… Les jeunes de tout âge sont “devant”. En première ligne! Les adultes, parents, enseignants musiciens, politiques sont en retrait dans un cercle protecteur et admirateur. Les jeunes se sont appropriés la cérémonie: ils sont “la cérémonie”.

Plus tard, j’arrive à Labuissière où se déroulait la même cérémonie pour le même “office républicain” de mémoire. Sur le chemin, je croise de nombreux parents et enfants. La cérémonie était-elle achevée? Non et de loin! Je comprend vite. En tentant de m’approcher du “monument au morts”, centre de l’évènement, je tente, mais n’arrive pas à me faufiler. Si les participants sont peu nombreux, leur rassemblement est compact. Impénétrable. Qu’importe! Je contourne l’église. Ici, beaucoup moins de monde mais la cérémonie est presque invisible: nous sommes “derrière”. Derrière le monument, l’harmonie de Labuissière. Derrière encore, un groupe d’élèves “dissipés” avec un professeur. La jeunesse est reléguée “en fond de cour”. Leur impatience et leur ennui sont compréhensibles. Il ne sont pas incorporés et participatifs. A cet endroit, les discours ne parviennent pas. La sono est malingre et tournée vers le mur des “officiels” qui consolide l’ouvrage en première ligne sur l’autre front.

L’équipe du maire de Bruay-la-Buissière, Ludovic Pajeot nous avait habitué à plus d’innovation dans sa communication. Ainsi, sont ressorties les vieille méthodes qui ont participé à plomber “l’ancien régime”…

Si l’argent est le nerf de la guerre, la communication doit être le nerf de la paix.

Nos enfants seront les nerfs des guerres futures. Nos enfants seront les nerfs de la Paix espérée. Nulle pédagogie ne prend racines sans volonté de l’enfant, sans participation de l’enfant. Sans prise de conscience.

Etienne Lallement 13 novembre 2022

“Plus jamais ça!”

Plus jamais ça! L’horreur devait guérir l’occident des velléités de la guerre. De toutes guerres! Et pourtant!

La folie meurtrière est-elle une gravure génétique dans le génome humain?

Comment des “milliers” peuvent s’immoler sur l’autel des sacrifices au profit de quelques-uns! L’idée de mourir pour des idées est-elle le fruit d’une éducation? pire d’un endoctrinement? Ne meurt-on que pour choisir une servitude que nous appelons abusivement “Liberté”?

Nous n’avons qu’une liberté, c’est celle de choisir nos chaînes.

Les enfants de nos enfants ne s’ouvriront à un nouveau principe de liberté qu’aux mamelles du respect mutuel de tous envers tous. La condition est de mettre déjà en eux une soif de liberté emprunte d’égalité et de fraternité. D’équité!

En ce 11 novembre 2022, il nous semble percevoir un frémissement dans ce sens dans les commémorations de l’Armistice 1918. Les adultes se mobilisent, les enseignants se motivent et motivent, les jeunes adhèrent et participent: c’est de bonne augure.

Mais de longs et pénibles efforts sont encore nécessaires.

La guerre est en Europe! La frontière ukrainienne est à 1 800 km de Calonne-Ricouart ! 2 heures d’avion!

Dans l’esprit de l’Homme du 21ème siècle et à fortiori dans celui de nos enfants, le “patriotisme” n’a plus beaucoup de signification. Alors? Mourir pour la Patrie n’a pas de sens!

Qui se culpabilise quand il achète le dernier “machin à la mode”? Peu importe si la production “à l’étranger” est le fruit de l’exploitation de l’homme par l’homme! De l’enfant par l’homme!

J’étais à Calonne-Ricouart en ce 11 novembre et j’ai pu percevoir dans les paroles d’enfants, dans les propos du maire, ce frémissement qui donne espoir. Il reste, désormais, à mobiliser.

A défaut d’éthique, l’être humain a forgé des morales! Les morales nous donnent des lois. L’éthique nous donne du coeur.

Etienne Lallement 12 novembre 2022

De ces livres qui nous font du bien…02

De la Banque-de-France peut-il émerger une fable initiatique, une onction philosophique, une immolation libératrice? Purificatrice?

L’œuvre de Yannick Haenel dégangue.

412 pages libératrices de préjugés.

Banquier as-tu du coeur? Mieux! Notre banquier peut être un poète! Pire: un philosophe! Non de ceux qui débitent les citations comme ils respirent, mais de ceux qui vivent de leurs propres pensées. De leurs rêves. De leurs utopies. Charger un “jeune diplômé” des dossiers de surendettement dans le béthunois était une gageure, un défis, une façon de se libérer d’une “patate brûlante” dont personne ne veut.

Mais, ici, une seule étincelle met le feu aux poudres de la conscience prédisposée. Mais, n’est-ce qu’un roman?

Pourquoi planter le décor à Béthune? L’auteur avait été sollicité pour participer à une “mise-en-œuvres” au sein des anciens bureaux de la Banque-de-France devenus lieu de culture: “Lab-Labanque”, église désacralisée de l’argent-dieu.

De ce façonnage, de cette arrivée dans la gare dont les abords “avait l’allure d’une ville fantôme”, dans “ce pays de pauvres”, allait se libérer “un livre”. L’auteur écrit lui-même dès les premières pages: “En toute occasion, j’attends ce trouble qui déclenche les romans.”. “Troubles”, il y eu. De cette première impression, venant crever le rempart des préjugés, viennent s’immiscer et prendre une place majeure “les Compagnons d’Emmaüs” et surtout les “Charitables”.

La Charité peut-elle être une vertu cardinale des prêtres de l’argent-divin immolant, juste ce qu’il faut, “le pauvre”, surtout surendetté? Le pauvre sans dette est une calamité pour le secteur bancaire. Le pouvoir sur autrui vient de ce qu’il doit.

Ce livre concentre pensées philosophiques, sociales, psychologiques, passionnelles, charnelles, économiques, politiques… avec juste un zest d’érotisme.

Un dosage subtile qui m’a passionné, moi qui ne lit jamais de roman à moins qu’un ami me l’offre!

Merci Marco!

Yannick Harnel : “Le Trésorier-payeur” collection “Infini” chez Gallimard

Postface:

Ce livre m’a donc été offert par mon ami Marco après qu’il eut écouté l’émission de France-Inter et les échanges de l’auteur Yannick Haenel avec l’animatrice Laure Adler. Heureusement, je n’avais pas écouté l’émission avant la lecture. Cela aurait bridé mon intellect et limité mon imagination. Si vous avez décidé de lire le livre, n’écoutez pas. Si vous hésitez de lire, alors écoutez à vos risques et périls.

L’Heure Bleue – France-Inter – Laure Adler – Yannick Haenel

De ces livres qui font du bien…01

En mars 2018, je visitai par curiosité suscitée par l’ouï-dire, une boutique qui, elle-même, se surnomme “l’Oasis de la Connaissance” : Ananda. Dès notre arrivée en Martinique, je m’étais passionné pour certains des écrits de Patrick Chamoiseau. Au centre de la boutique trônait une pyramide de livre: “La matière de l’absence“.

A cette époque, le deuil ne faisait pas encore l’essentiel de mon quotidien. Le deuil nous frappe tous un jour ou l’autre. Si l’attaque peut torturer, anéantir… bientôt, le temps tire son voile analgésique. Peu à peu, nous faisant avec. Nous faisons sans. Heureusement.

Une lecture peut nous aider à passer le creux de la vague en suscitant des réflexions…nous préparer à la séparation.

Ici, il s’agit d’un dialogue de l’auteur et de sa sœur lors la disparition de “Man Ninotte”. Leur mère. La mère. “Mère universelle”!

L’auteur nous invite à l’exploration des coutumes et des rites qui accompagne le deuil dans les Antilles. Il nous entraîne sur la trace des relations complexes entre le monde des exploiteurs et et des exploités. La dichotomie entre le “Noir” et le “Blanc”. Il élargit son exploration à l’origine de l’Humanité.

Les seuls évènements humainement universels sont la naissance et la mort.

C’est en considérant ces deux extrêmes que l’Être Humain invente ses croyances et ses cultures.

Béa s’en est allée…

Béa s’en est allée. Jusqu’au bout, elle a résisté à l’ultime appel, freiné de toutes ses forces à l’attraction des vibrations initiatrices.

21 mois de résistance, 658 jours d’une mortelle randonnée, de préparation à l’exploration de ciels inconnus, d’une ultime course sans lendemain. Trail cruel!

Il nous faut attendre encore pour savoir, pour connaître ce que désormais Béa sait, Béa connaît.

Les témoignages, à foison, nous prouvent qu’elle a creusé sa trace d’une marque indélébile.

Verra-t-elle la moisson portée par les graines qu’elle a semées?

Nous, “les survivants en sursis”, pourrons témoigner d’une infime partie de la récolte.

TEMOIGNAGES: prises de paroles lors de la cérémonie des funérailles

  • Youssef, le conjoint de notre fille Alexandra,

“Dans ce genre de situation je prends très rarement la parole. Ma femme vous le confirmera…  Mais là, j’ai pris mon courage à deux mains.  Beatrice…!! Pardon “Mamoune”. Comme beaucoup le savent, je ne l’ai jamais tutoyée, sauf par maladresses de ma part.…😅 J’ai mis 10 ans pour l’appeler par son prénom puis par le surnom que ma femme lui a donné “Mamoune”, car vraiment, je l’ai considérée comme ma mère avec un profond respect. Elle laisse un grand vide ; j’ai énormément de bon moment, surtout nos soirées, en duo, frites-hamburgers en regardant la ligue des champions ; j’en profitais pour lui raconter toutes les injustice que je subissais ; pour moi c’était une banalité, mais tous de suite elle prenait ma défense ! Cela me touchait énormément ! Pour ma part, ce qui la représente le mieux d’Inde en Martinique ? Elle a toujours aidé son prochain, elle se battait pour les causes justes, une femme forte, sociable ! Franchement, j’ai pas vue une personne qui n’aimait pas “Mamoune», c’était une battante ! Même dans la maladie du début jusqu’à la fin, elle n’a jamais rien lâché en faisant passer les envies des autres avant les siennes.

Suite à cet évènement triste, il y a des personnes qui vont vivre cette tragédie différemment, certaines vont beaucoup pleurer, d’autre ne vont pas parler et d’autres vont faire comme si ça allait, mais une chose est sûre, il y aura une part de tristesse en chacun de nous. Vous savez, dans la vie il y a des événements qu’on préférerait qu’ils n’aient pas lieu, mais on ne choisit pas, dans ces moments-là, tu fais ce que tu peux et tu avances ! Malgré tout. Elle aurait voulu qu’on se batte, qu’on lève la tête, qu’on soit fort et qu’on continue d’avancer, pour ce que l’on croit être le mieux pour nous et nos proches, que l’on soit solidaire et que nous profitions de chaque instant, qu’on continue à blaguer, rire, faire de bon repas… Je t’aime Béatrice Lallement Coste alias “Mamoune” repose en paix. Une dernière chose en dernier hommage, je vous demanderai quelques applaudissements pour tous ce qu’elle a accompli s’il vous plaît.”.

  • Alexandra, notre fille,

MAMAN !

Maman,

Dieu a rappelé à lui, un pilier de ma vie et une partie de mon cœur.

Tu étais comme un ange parmi nous, souvent surnommée « Tata Béa » par bon nombre ne faisant pas partie de notre famille. Tu semais tout autour de toi de l’amour et de la bienveillance.

Et cet amour indéfectible, on le reçoit encore chaque jour à travers tous les témoignages d’affection. Tu avais en toi une force de caractère qui en surprenait plus d’un car, malgré ta petite taille, ton aura nous captivait.

Ton sourire, notre complicité, nos soirées film et larmes de crocodile me manqueront.

Tu nous laisses, tes enfants et tes petits-enfants, avec un grand vide, mais sache que tu as accompli ta mission. Tu nous as rendus forts, généreux, pleins de convictions, d’amour et nous continuerons à transmettre cela à tes petits enfants pour qu’ils n’oublient jamais les valeurs de notre famille.

Repose en paix, je m’occupe de papa.

Ce texte est éphémère, mais notre amour est immortel.

Nini, poussin, chaton.

  • Etienne, yang de Béatrice,

Réjouissons-nous!

Réjouissons-nous, enfants, petits-enfants, frères, sœurs, amis…

Réjouissons-nous d’avoir, un jour, croisé sur notre chemin, pour quelques instants ou pour longtemps celle que nous pleurons aujourd’hui: Béatrice, Béa…

Réjouis-toi Mamie Lulu d’avoir conçu, porté et amené à la vie une enfant comme Béatrice.

Alors, que faisons-nous aujourd’hui dans une église?

Si en face de notre maison, il y avait eu une mosquée, nous serions en train de psalmodier “Allah Akbar”. Si à cet endroit s’élevait un temple Hindou, nous invoquerions “Shiva”, un dojo? nous y méditerions, une synagogue ? nous invoquerions “Adonaï”.

Nous sommes ici parce que nous cherchons, nous sommes à la queste de l’invisible, de l’inconnu, de ce qui nous dépasse pour répondre à la question universelle: que faisons-nous sur cette terre?

Cette vie vaut elle la peins d’être vécue?

Aucun édifice religieux ne porte la réponse: la réponse est au coeur des êtres, mais nul ne détient la vérité parfaite, nul n’est dans l’erreur absolue.

J’ai eu la chance d’approcher cette lumière.

Cette lumière, je l’ai cueillie aux lèvres de Béatrice, au plus profond du coeur de Béatrice, dans la fusion de nos esprits, dans la communion de nos âmes.

Cette lumière brillera en moi et, j’en suis persuadé, en vous, encore et encore…Elle gravera en nos coeurs, en nos esprits, en nos âmes, une marque indélébile.

Pour Béa, le bandeau tombe. Désormais, elle sait. Elle connait!

Souvenons-nous du sourire de Béa! Que son esprit nous guide, que son âme effleure nos âmes.

Alors en ce jour, par delà nos croyances ou nos refus de croire, par delà nos rites, par delà nos dieux, par delà nos différences, unissons nous dans une prière universelle.

Avant que Béatrice ne soit emportée par les “Charitables de Saint Eloi” de La Buissière, j’ai tapé 3 coups de maillet sur le cercueil en disant:

“Que désormais, “BEATRICE” puisse nous aider,
par l’exemple de ce qu’Elle a été,
par ce qu’Elle est désormais,
nous aider à faire tomber de nos yeux, le bandeau des préjugés.
qu’Elle aide chacun d’entre nous , a être en permanence
en disponibilité d’esprit et en réceptivité spirituelle
AMEN!”

Maîtres de Cérémonie : https://www.le-choix-funeraire.com/nous-contacter