De ces livres qui font du bien…01

En mars 2018, je visitai par curiosité suscitée par l’ouï-dire, une boutique qui, elle-même, se surnomme “l’Oasis de la Connaissance” : Ananda. Dès notre arrivée en Martinique, je m’étais passionné pour certains des écrits de Patrick Chamoiseau. Au centre de la boutique trônait une pyramide de livre: “La matière de l’absence“.

A cette époque, le deuil ne faisait pas encore l’essentiel de mon quotidien. Le deuil nous frappe tous un jour ou l’autre. Si l’attaque peut torturer, anéantir… bientôt, le temps tire son voile analgésique. Peu à peu, nous faisant avec. Nous faisons sans. Heureusement.

Une lecture peut nous aider à passer le creux de la vague en suscitant des réflexions…nous préparer à la séparation.

Ici, il s’agit d’un dialogue de l’auteur et de sa sœur lors la disparition de “Man Ninotte”. Leur mère. La mère. “Mère universelle”!

L’auteur nous invite à l’exploration des coutumes et des rites qui accompagne le deuil dans les Antilles. Il nous entraîne sur la trace des relations complexes entre le monde des exploiteurs et et des exploités. La dichotomie entre le “Noir” et le “Blanc”. Il élargit son exploration à l’origine de l’Humanité.

Les seuls évènements humainement universels sont la naissance et la mort.

C’est en considérant ces deux extrêmes que l’Être Humain invente ses croyances et ses cultures.

Béa s’en est allée…

Béa s’en est allée. Jusqu’au bout, elle a résisté à l’ultime appel, freiné de toutes ses forces à l’attraction des vibrations initiatrices.

21 mois de résistance, 658 jours d’une mortelle randonnée, de préparation à l’exploration de ciels inconnus, d’une ultime course sans lendemain. Trail cruel!

Il nous faut attendre encore pour savoir, pour connaître ce que désormais Béa sait, Béa connaît.

Les témoignages, à foison, nous prouvent qu’elle a creusé sa trace d’une marque indélébile.

Verra-t-elle la moisson portée par les graines qu’elle a semées?

Nous, “les survivants en sursis”, pourrons témoigner d’une infime partie de la récolte.

TEMOIGNAGES: prises de paroles lors de la cérémonie des funérailles

  • Youssef, le conjoint de notre fille Alexandra,

“Dans ce genre de situation je prends très rarement la parole. Ma femme vous le confirmera…  Mais là, j’ai pris mon courage à deux mains.  Beatrice…!! Pardon “Mamoune”. Comme beaucoup le savent, je ne l’ai jamais tutoyée, sauf par maladresses de ma part.…😅 J’ai mis 10 ans pour l’appeler par son prénom puis par le surnom que ma femme lui a donné “Mamoune”, car vraiment, je l’ai considérée comme ma mère avec un profond respect. Elle laisse un grand vide ; j’ai énormément de bon moment, surtout nos soirées, en duo, frites-hamburgers en regardant la ligue des champions ; j’en profitais pour lui raconter toutes les injustice que je subissais ; pour moi c’était une banalité, mais tous de suite elle prenait ma défense ! Cela me touchait énormément ! Pour ma part, ce qui la représente le mieux d’Inde en Martinique ? Elle a toujours aidé son prochain, elle se battait pour les causes justes, une femme forte, sociable ! Franchement, j’ai pas vue une personne qui n’aimait pas “Mamoune», c’était une battante ! Même dans la maladie du début jusqu’à la fin, elle n’a jamais rien lâché en faisant passer les envies des autres avant les siennes.

Suite à cet évènement triste, il y a des personnes qui vont vivre cette tragédie différemment, certaines vont beaucoup pleurer, d’autre ne vont pas parler et d’autres vont faire comme si ça allait, mais une chose est sûre, il y aura une part de tristesse en chacun de nous. Vous savez, dans la vie il y a des événements qu’on préférerait qu’ils n’aient pas lieu, mais on ne choisit pas, dans ces moments-là, tu fais ce que tu peux et tu avances ! Malgré tout. Elle aurait voulu qu’on se batte, qu’on lève la tête, qu’on soit fort et qu’on continue d’avancer, pour ce que l’on croit être le mieux pour nous et nos proches, que l’on soit solidaire et que nous profitions de chaque instant, qu’on continue à blaguer, rire, faire de bon repas… Je t’aime Béatrice Lallement Coste alias “Mamoune” repose en paix. Une dernière chose en dernier hommage, je vous demanderai quelques applaudissements pour tous ce qu’elle a accompli s’il vous plaît.”.

  • Alexandra, notre fille,

MAMAN !

Maman,

Dieu a rappelé à lui, un pilier de ma vie et une partie de mon cœur.

Tu étais comme un ange parmi nous, souvent surnommée « Tata Béa » par bon nombre ne faisant pas partie de notre famille. Tu semais tout autour de toi de l’amour et de la bienveillance.

Et cet amour indéfectible, on le reçoit encore chaque jour à travers tous les témoignages d’affection. Tu avais en toi une force de caractère qui en surprenait plus d’un car, malgré ta petite taille, ton aura nous captivait.

Ton sourire, notre complicité, nos soirées film et larmes de crocodile me manqueront.

Tu nous laisses, tes enfants et tes petits-enfants, avec un grand vide, mais sache que tu as accompli ta mission. Tu nous as rendus forts, généreux, pleins de convictions, d’amour et nous continuerons à transmettre cela à tes petits enfants pour qu’ils n’oublient jamais les valeurs de notre famille.

Repose en paix, je m’occupe de papa.

Ce texte est éphémère, mais notre amour est immortel.

Nini, poussin, chaton.

  • Etienne, yang de Béatrice,

Réjouissons-nous!

Réjouissons-nous, enfants, petits-enfants, frères, sœurs, amis…

Réjouissons-nous d’avoir, un jour, croisé sur notre chemin, pour quelques instants ou pour longtemps celle que nous pleurons aujourd’hui: Béatrice, Béa…

Réjouis-toi Mamie Lulu d’avoir conçu, porté et amené à la vie une enfant comme Béatrice.

Alors, que faisons-nous aujourd’hui dans une église?

Si en face de notre maison, il y avait eu une mosquée, nous serions en train de psalmodier “Allah Akbar”. Si à cet endroit s’élevait un temple Hindou, nous invoquerions “Shiva”, un dojo? nous y méditerions, une synagogue ? nous invoquerions “Adonaï”.

Nous sommes ici parce que nous cherchons, nous sommes à la queste de l’invisible, de l’inconnu, de ce qui nous dépasse pour répondre à la question universelle: que faisons-nous sur cette terre?

Cette vie vaut elle la peins d’être vécue?

Aucun édifice religieux ne porte la réponse: la réponse est au coeur des êtres, mais nul ne détient la vérité parfaite, nul n’est dans l’erreur absolue.

J’ai eu la chance d’approcher cette lumière.

Cette lumière, je l’ai cueillie aux lèvres de Béatrice, au plus profond du coeur de Béatrice, dans la fusion de nos esprits, dans la communion de nos âmes.

Cette lumière brillera en moi et, j’en suis persuadé, en vous, encore et encore…Elle gravera en nos coeurs, en nos esprits, en nos âmes, une marque indélébile.

Pour Béa, le bandeau tombe. Désormais, elle sait. Elle connait!

Souvenons-nous du sourire de Béa! Que son esprit nous guide, que son âme effleure nos âmes.

Alors en ce jour, par delà nos croyances ou nos refus de croire, par delà nos rites, par delà nos dieux, par delà nos différences, unissons nous dans une prière universelle.

Avant que Béatrice ne soit emportée par les “Charitables de Saint Eloi” de La Buissière, j’ai tapé 3 coups de maillet sur le cercueil en disant:

“Que désormais, “BEATRICE” puisse nous aider,
par l’exemple de ce qu’Elle a été,
par ce qu’Elle est désormais,
nous aider à faire tomber de nos yeux, le bandeau des préjugés.
qu’Elle aide chacun d’entre nous , a être en permanence
en disponibilité d’esprit et en réceptivité spirituelle
AMEN!”

Maîtres de Cérémonie : https://www.le-choix-funeraire.com/nous-contacter

Que les gens heureux se lèvent et proclament leur bonheur à la face du monde!

Echos aux vœux pour 2022 émanant de Jacques, Jean-Marie, Patrick, Françoise, Hélène, Bernard, Eliane, Marie-Hélène, Stephan, Lisette, Mireille, Annie, Guillaume, Jean-Claude, Dominique et tous les autres… Gylna portait l’ultime estocade votive dans les dernières heures de janvier. Je ne retiens les prénoms que des derniers messages arrivés, de ceux qui déployaient quelques lignes. Le plus prolifique des quelques trois-cent-cinquante correspondants, nous gratifiait de deux pages! Vous comprendrez qu’il m’est impossible de répondre à tous individuellement.

En fait, il faut dire que ,de plus en plus, les messages se limitent à des animations sur les réseaux sociaux aussi chatoyantes qu’exubérantes en explosions pétaradantes. Nous avons même reçu le même feux d’artifice vingt sept fois! Record de ce début d’année! Par contre, nous n’avons reçu qu’une seule fois un feu d’artifice sous forme d’éclosions accélérées de fleurs. Merci Annie.

Artifices” serait-il le mot le plus caractérisant de notre civilisation en 2022?

Par habitude, pudeur, discrétion, par peur même, chacun d’entre vous utilise le support de son choix, Messenger, WhatsApp, mail ou téléphone avec ou sans vidéo délaissant l’espace dévolu sur le blog. Rien de ce genre dans la boite aux lettres désespérément vide au portail de la maison. Mais que deviennent les éditeurs de cartes-postales et nos amis les facteurs en cette période d’intenses échanges? Sont-ce des victimes collatérales de plus d’un progrès galopant?

La verve épistolaire déployée me confirme une fâcheuse tendance à la “déprime“. “Déprime” amorcé depuis quelques années et toujours en accélération. En macération! Force est de constater que notre époque se complait de “copier/coller”, noyant trop souvent la pensée individuelle en un marécage glauque générateur de remugles indifférenciés. A respirer ces effluves, la tête me tourne. Le nauséeux étouffe la fragrance. Mais soyons conscient qu’un seul fruit pourri rend insupportable le panier tout entier. Dix fruits sains ne sauveront pas la réputation du même panier.

Le nœud du drame est là. Le bonheur est moins contagieux, moins évident, moins communiquant que le malheur et la haine?

Et pourquoi donc?

Dans la course effrénée de la vie, les “optimistes” sont l’essentiel du “peloton” de nos correspondants. En toute discrétion. En trop de discrétion. Par gêne? Par peur? Mais la question doit se poser: optimisme sincère ou optimisme “forcés”?  Émile Coué de la Châtaigneraie a toujours des adeptes!

Si ma propre missive initiale a pu paraître “pessimiste“, mon alerte se limite à l’état d’esprit de mes contemporains et non à la vie. La vie est la vie. La vie est vie. Depuis la nuit des temps, sans faillir!

D’Auvergne, sous la plume d’un Jacques et de sa muse Maryvonne, mes propos sont qualifiés de “jouissifs” et de “parler vrai“. “Jouissifs” flatte mon ego. “Parler vrai” m’interpelle. Un autre Jacques me remercie d'”écrire tout haut ce que nous sommes nombreux à penser confusément, sans savoir le formuler, ou plutôt sans vouloir le clamer avec honnêteté aussi clairement.”.

Pour vivre heureux, faut-il vivre caché? L’être heureux n’a-t-il pas le droit de témoigner de son bonheur, de rayonner? La peur de perdre “notre petit bonheur” nous fait-elle nous ceindre de sombres remparts? La crainte de l’autre ou la volonté de l’ignorer ne nous transforment-t-elles pas en tortues promptes à se caparaçonner? Lenteur et prudence du timoré font de lui le gibier de prédilection du prédateur.

Paradoxe supplémentaire, s’il en fallait, le bonheur rend parfois honteux celui qui le possède.

Jean-Marie se sent tel un “être pestiféré dans sa retraite [qui] observe avec une épouvantable lucidité ce qui se passe dans mon cher pays. La rancœur qui suinte de tout côté […] . Un monde complètement dingue, anthologie de la maladie mentale […] Je ne désespère malgré tout pas de l’Homme.”.

Ces derniers propos peuvent résumer l’amplitude de l’ensemble de vos messages. J’y reviendrai en conclusion.

Souffre que je ne réponde pas pareillement. Je vous embrasse “fraternellement” et ce mot résonne chez moi car il émane d’un lieu où l’écho est infini.“… […] “Que cela ne nous empêche pas d’espérer.”

Ne réponde pas pareillement“!. Bien heureusement! Il appartient à chacun de s’exprimer selon sa personnalité. Fi de plagier le correspondant ou de copier une forme épistolaire qui nous est étrangère. Dans toute correspondance, soyons “nous-même”. La volubilité n’est pas toujours signe de “qualité” d’écriture ni, surtout même, signe de “sincérité”. Dans les échanges, la sincérité prime surtout. Sur tout! Trois lignes peuvent l’emporter sur trente page. (Laissez ici l’ignoble que je suis battre sa “coulpe” sans rougir). Le mot “fraternité” me réjouit venant “d’un ami fidèle”. L’efficience de ce mot ou plutôt de la réalité qu’il est censée représenter possède la capacité de changer la face du monde. Mais… notre époque le voit s’atrophier comme “peau de chagrin” chez les “Cassandres”. Les beuglements démago-politiques de tout bord semblent vouloir sa perte alors même qu’ils en revendiquent les valeurs! Hypocrisie! “Narcisse et Ego” sont le couple infernal de notre époque hypermédiatisée. Même les hérauts de la “fraternité sacralisée” dont nous sommes sont gangrénés. “Alerte! On ENTRE en profane…

Plus optimiste, l’une d’entre-vous, perçois “des signes de partage, amour, amitié, lumière, espérance“. Tout n’est donc pas perdu si nous sommes capables de “percevoir” des qualités universelles qui ne pourront vivre, survivre que si nous les portons comme des réalités de vie. De nos vies!

Un couple de nos amis nous souhaite “Une santé en inox!“. Toute expression de la vie, philosophique, mentale, sentimentale, professionnelles ou religieuse ne peut s’épanouir qu’adossée à la “bonne santé”! L’équilibre philosophique, mental, sentimental, professionnel ou religieux doit concourir au “capital santé” et à la vitalité qui permettra de faire face à la maladie. Cette “quête d’équilibre” doit être une priorité de l’éducation.

D’autres envois sont plus concis, mais tout aussi vivifiant: “Santé! Santé! Santé! Que 2022 soit explosif“. Nous prenons cet appel au sens le plus positif. Cette Annie n’a rien d’une terroriste mais prône “l‘explosion de bonheur, de paix et d’amour!

Un couple de “nordistes”, envisage pour nous des rencontres, des découvertes, amour et bonheur partagé.. Voilà sans doute des composants essentiels de la “recherche d’équilibre“. Vivre par l’autre au travers de l’autre. L’équilibre personnel ne peut se concevoir que dans la quête d’osmose dans l’environnement humain. Là aussi, il faudra aller à l’encontre des “vociférateurs-semeurs-d’angoisse” qui prêchent l’ostracisme, la xénophobie et le repli identitaire.

Une amie “très chère” du midi scrute dans le retro “les êtres chers, les amis véritables” qui nous laissent désormais continuer la vie sans eux. Du moins physiquement…[“A d’autres dimensions Domi!“] En effet, l’année (2021) a creusé des trous irréparables.”. Faisant fi des réseaux sociaux elle prend le temps d’écrire à chacun des amis triés sur le volet“. Les mots “Je vous aime, vous me manquez! mettent un point d’orgue à notre émotion en ce temps de convenances polies, impersonnelles ou intéressées. Elle suspend son trait parVivons le mieux du monde! Paix! Amour!“. Qu’ajouter de plus vibrant?

J’en terminerai avec les citations avec Guillaume qui souhaite de “s’épanouir pleinement, croquer la vie à pleine dents. Il ne tient qu’à nous de faire de 2022 une merveilleuse année. L’important, c’est qu’il y ait le moral!“. Conclut-il.

En conclusion, laissez-moi vous présenter mes “intuitions”, tentatives explicatives de cette désespérance insidieuse “qui crève les écrans”. Ecrans qui masquent les chausse-trappes qui piègent

notre chemin…

En 70 ans de ma propre vie, j’ai pu constater une nette progression de la qualité de vie. Dans les années 50/60, période de reconstruction d’après-guerre, des bidons-villes cernaient nos métropoles urbaines. Très peu de familles disposaient de téléphones, de télévision, de toilettes dans les habitations, de salle de bain….Réfrigérateurs, machines à laver le linge, à laver la vaisselle étaient les vedettes du salon des arts ménagers et alimentaient les scoop de l’information mais pénétraient doucement, très doucement les demeures françaises les plus aisées. Les Français consommaient essentiellement “français”. Les informations étaient contrôlées par le pouvoir. Le pouvoir envoyait nos pères, nos frères, en Algérie pour une guerre qui n’en portait pas le nom mais qui endeuilla bon nombre de familles. [près de 25 000 morts, dont 15 500 au combat ou par attentat, 65 000 blessés et 485 disparus]. Combien de combattants rentrèrent traumatisés?

Puis tout s’accéléra dans les années 70. Les progrès de la technologie partirent en flèche, laissant à la traîne l’éducation qui n’avait pas le temps de s’adapter. Les offres de consommation explosèrent en quantité. Les produits disparaissaient noyés sous les rêves entretenus, noyautés par les chaînes de la commercialisation.

La vie devenait l’art d’assouvir ses rêves matériels! A tout prix!

Ce tableau – ci dessous – n’a pas de valeurs absolues. Imaginons que le “temps” s’écoule de la gauche vers la droite sur une période équivalant à la vie moyenne d’un humain (France). La ligne brisée représente l’évolution de la “qualité de vie ressentie” au sens le plus large du terme. La ligne rouge est l’évolution “lissée” de la qualité de vie ressentie sur la totalité de la vie de cet humain.

Ce graphique ne possède pas de valeurs absolues, ni en abscisse, ni en ordonnée.

Flèche “C”: le jeune enfant dans toute son innocence découvre la vie et ne peut la valoriser qu’au contact de ses parents et de ses éducateurs. L'”ambiance” de la prime jeunesse conditionnera à vie.

Dès l’adolescence, l’esprit critique fera surface avec ses angoisses et ses révoltes. Le conditionnement de “l’être” sera encore l’effet de l’environnement humain dont le cercle ne cessera pas de s’étendre. Puis, rapidement, notre culture de communication à outrance amplifiera l’ouverture aux “mondes conditionnés”. De plus en plus conditionnés!

L’âge adulte (pic 1 du graphique). A ce stade, ayant vécu une période de “progrès”, le jeune adulte constatera une régression dans sa perception de la vie. Cette perception étant “dans l’air du temps”, c’est la majorité d’une génération qui méconnaitra progressivement l’espérance et se réfugiera dans les soins palliatifs de la surconsommation tout azimut. L’inanité sera loi.

L’âge adulte (pics 2, 4, 6 du graphique). Ayant atteint un point critique de la descente aux enfers, cette génération “donnera un coup de pied au fond de la piscine” qui lui permettra de remonter en direction de la surface. (flèches A et B).

Depuis la nuit des temps, “l’esprit religieux”, “la foi” tenaient lieu de coup de pied. Il faudra désormais suppléer à sa défection pour trouver une nouvelle énergie. Une nouvelle “spiritualité”? Sous quelle forme?

Toute la vie de “l’individu” et, par delà, de la “collectivité” sera faite de “hauts et de bas”.

Actuellement, nous nous sentons en régression. L’évolution “des valeurs” nous alerte, nous angoisse. Il ne s’agit qu’une courte vue de l’esprit car nous réfléchissons à l’aune de notre seule existence très limitée dans le temps. A notre insu, le progrès de l’Humanité est en marche. Cela se paiera par la chute plus ou moins prononcée de notre civilisation. Les Egyptiens, les Grecs, les Mayas, les Romains…Ces civilisations ont plus ou moins disparues mais nous en sommes les héritiers “culturels”. Héritiers d’une spiritualité désenfumée. Les pyramides, leurs temples, les momies, les œuvres d’art et les écrits même ne sont qu’épiphénomènes. L’héritage est immatériel et intemporel. A nous de l’enrichir pour que, peu à peu, très lentement mais sûrement, en transmettant notre expérience, l’Humanité érige une “Ethique”, un “art de vivre ensemble”, une “science du bonheur”.

A l’échelle de la Vie, nous ne pouvons qu’avoir confiance.

A notre petite échelle temporelle, le désespoir ne peut-être que de mise, à moins que …

Que les êtres heureux se lèvent et proclament leur bonheur à la face du monde!

Et nous verrons bien qui sont les plus nombreux!

Béatrice & Etienne Lallement – janvier/février 2022 – Saint-Joseph – Heureux en l’Ile de La Martinique

Cet article fait référence à nos vœux pour 2022:

Valérie…

Valérie a 31 ans.

Valérie est morte du Covid.

Dans l’indifférence .

Sa mort viendra gonfler des statistiques d’un petit chiffre.

“Petit chiffre” viendra éclabousser l’écran de nos infos, aggloméré à d’autres petits chiffres. Par milliers.

Et pendant ce temps…

Les “Egos” continuent de s’exprimer, de s’escrimer dans des duels sans mort. Sans mort d'”Egos”.

Le virus n’existe pas!” colportent les uns!

Les “contres” fustigent les “partisans”. Les “opposants” condamnent. Les “pours” lancent des anathèmes.

La rue, les écrans exhibent des troupeaux bêlants, accrochés fermement à une idée. Le panurgisme rassure . Une idée fédère. Peu importe l’idée après tout. Les manipulateurs exultent dans l’ombre. La sacro-sainte “Liberté” qui écorche les bouches, roule dans le caniveau. Tout se sait sur chacun d’entre nous et ce n’est pas un “pass” qui entamera une liberté illusoire. Toutes les cartes de notre portefeuilles nous trahissent. La carte Vital – mais peut-on faire l’impasse sur l’intérêt d’une telle carte – permet de tout connaître, dans les moindres détails, sur notre état de santé. Physique et mental. Le simple fichier des “contraventions aux infractions routières” est une mine de renseignements. La nouvelle carte nationale d’identité comporte un QR-Code.

Extrait d’un article tiré de la RevueNumerama– sous la plume de Julien Lausson – daté du 23 octobre 2019.

C’est ce qu’on appelle le « data mining » : l’exploration de données. Par ailleurs, Bercy mobilise d’autres sources : impôt sur le revenu, contrôle fiscal, taxe d’habitation, consultation des moyens de paiement automatisés, recouvrement contentieux de l’impôt direct, documentation cadastrale, etc. Des données issues de bases privées, d’organismes sociaux et d’autres administrations peuvent aussi servir.

Il s’agirait de ne pas se tromper de combat. Il est vrai que le “combat à idée simple et unique” est plus fédérateur.

Et pendant que nous polémiquons, des Valérie meurent par dizaines dans l’indifférence!

Etienne Lallement – le 21 août 2021 – Saint-Joseph – La Martinique

Folie virale…

Un ami vient de perdre une nièce.

Mourir de maladie, d’un virus. Soit!

Que la bêtise humaine s’en mêle révolte! Mais qui se révolte?

“Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir!”

Qui reconnaîtra son erreur parmi tant d’autres? Celui qui crie a souvent tord et les décibels lui servent d’arguments et rassurent les moutons dressés à l’obéissance aux aboiements des chiens. Tout autant coupable, celui qui se tait. Tout autant coupables ceux qui accordent leur haine à la haine des moutons aveuglés, des moutons apeurés broutant des herbes putrides des prés intoxiquant!

Par intérêts personnels, l’humain est prédateur. L’humain est pusillanime. L’humain reste indifférent.

L’intérêt collectif a-t-il encore un sens?

Etre “Humain” a-t-il encore un sens?

Etienne Lallement – 19 août 2021

La nouvelle du décès à peine parvenue, nous entendions et avons réécouté cette chanson de Jean Ferrat. Décidemment, le hasard n’existe pas. Titre de l’album: “Dans la jungle ou le zoo”.

Naguère et aujourd’hui…

74 000 Indiens ont été tués en France pendant la première guerre mondiale.
74 000 Indiens ont été tués en France pendant la première guerre mondiale.

Je suis né au “beau” milieu du XXème siècle. L’Europe sortait à peine d’un demi-siècle de deux guerres mondiales sur son sol. Les tonnerres des combats s’estompaient vers l’Est. Vers le Sud. Malgré cela les tombeaux français avalaient toujours et encore…

L’éducation – dite “nationale“, nous vouait au culte du “héros de 14-18“, du héros “de 39-45“.

Je vivais dans un pays de “héros“! A leur exemple, je devais, s’il le fallait, “mourir pour la Patrie” comme le firent mes pères! Je m’époumonais en Novembre et Mai, un bouquet de fleurs à la main au pieds du monuments aux morts de ma commune suivant docilement et fièrement mon instituteur.:

"Nous entrerons dans la carrière,
 Quand nos aînés n'y seront plus ;
 Nous y trouverons leur poussière
 Et la trace de leurs vertus. (Bis)
 Bien moins jaloux de leur survivre
 Que de partager leur cercueil
 Nous aurons le sublime orgueil
 De les venger ou de les suivre."

De tout temps, les enfants entonnent des hymnes dont ils ne saisissent pas les significations profondes.

Cette image “héroïque” s’est bien écornée depuis. Pire! Pire encore!

Dans les deux guerres “intramuros“, “la fine fleur” de la jeunesse bien portante de notre pays est poussée au front portée par la drogue de discours anesthésiants. La conviction s’inocule. L’émotion porte à la violence.

"Entendez-vous dans les campagnes
 Mugir ces féroces soldats ?
 Ils viennent jusque dans vos bras
 Égorger vos fils, vos compagnes"

On s’en laisse conter! Et gare aux rebelles!

” C’est nous qu’on ose méditer
 De rendre à l’antique esclavage !”

Les généraux prouvaient leur utilité et leur talent de maîtres-boucher . Gagner quelques dix kilomètres dans la Somme valait bien 1,2 millions de morts, disparus ou blessés en 1916! Les dirigeants sauvaient leur Patrie. Sauvaient leur patrimoine. Les médailles fleurissaient les poitrines turgescentes.

Les familles pleuraient leurs héros. “Trop tôt disparus“.

Et la leçon? Quelle leçon?

Ouvrez le ban! Sonnerie aux morts!” La jeunesse a le privilège de mourir à la guerre, de mourir pour des Idées. Les idées de qui? Pour les idées d’autres dont le seul fait d’armes est de financer les monuments aux morts, frapper des médailles, rassurer les veuves et les mères éplorées! Les champs d’horreurs se muent en champs d’honneur. “Des monuments à leur gloire éternelle” osèrent les chevilleurs de la jeunesse. L’Honneur est sauf! Fermez le ban!

La vie continue! Chacun retourne à sa besogne et ses soucis “personnels”. A ses “propres” préoccupations. Les noms s’estompent sur les monuments et les tombes, comme “Liberté, Egalité et Fraternité” s’effacent du fronton des écoles de la République, s’effacent des cœurs, s’effacent des âmes!

2020 : “Nous sommes en guerre!”.

Un virus nous déclare la guerre au nez et à la barbe des généraux devenus bien inutiles et trop occupés à une guerre sans Champs d’Honneur! Sans gloire pour eux! Les places étant vacantes, les étoiles de la médecine et de la pharmacie crèvent les écrans et s’engouffrent dans la brèche et rivalisent de stratégies improvisées, hétéroclites, contradictoire. Les industriels de la pharmacie produisent à la hâte des munitions antivirales. Les armées ont changé de professions. Les néo-généraux de cette guerre sont, ici aussi, planqués derrière les fantassins en blouses blanches. Les remparts innocents des émirs de la molécule seront couverts de gloire et de reconnaissance, voire de décorations pour bravoure au front.

Au front de cette guerre, chaque mort est une défaite! Les statistiques font des ravages dans les esprits! Les avalanches de discours nous font douter de notre intelligence, de notre capacité de discernement.

Les réactions de tout un chacun prouvent que le “patriotisme” est d’un autre âge. Désormais, l’idée même de la mort effraie nos dirigeants. La multiplicité des médias s’affronte et façonne. La démagogie règne en maître. La démagogie sème illusions et angoisses. Les totalitarismes fourbissent leurs armes de séduction, “blanchissent” leurs uniformes. “L’heure est venue!“. Le malheur de tous fait le bonheur de quelques uns. Quelque soit les candidats, quelque soit l’époque, toutes les guerres sont des affrontements d'”EGO- SUM“! Moi, Je suis. J’existe, je m’impose et je dicte. Les uns cherchent la Gloire, les autres la fortune. Les partisans de la gloire s’illusionnent. Les adeptes de la fortune continuent de tisser leurs stratégies “inhumaines”.

Les marionnettes politiciennes s’illusionnent encore sur leurs pouvoirs. Sur leur liberté!

Les Hommes disparaissent, les mentalités demeurent.

L’EGO-SUM a ruiné l’Egypte. L’EGO-SUM a réduit à néant l’Empire Romain. L’EGO-SUM a détruit l’Empire Chinois et de petits royaumes. L’EGO-SUM de quelques-uns étouffe notre civilisation. “Mais après tout, après nous le déluge!” diront-ils. L’important c’est d’être et d’exister pour les autres à son propre bénéfice. Pour Soi. L’EGO-SUM n’est pas l’exclusivité d’une strate de population, nous sommes tous concernés.

Notre époque voit de nouveaux “communautarismes” fleurir et se renforcer dans de nouvelles formes de patriotismes “sectaires“. Les agrégats humains se diversifient dans des attractivités aux émergences “sauvages“. La désagrégation des grands courants religieux et politiques, une perte générale de confiance génèrent et amplifient les “angoisses“.

L’instinct de survie crée une “féodalité” du XXIème siècle. Contre ses peurs, l’humain bâtit des murailles et s’y enferme avec ceux qui “attisent” sa sympathie. Contre l’angoisse, pour se libérer, il choisit la plus inexpugnable des forteresses et s’y incarcère.

Pourtant, “l’œil” est au coeur des remparts et poursuivra le bâtisseur jusqu’au seuil de la tombe qu’il atteindra cahin-caha.

Etienne Lallement – le 28 mars – 2021

Les photos de cet article ont été prises au mémorial militaire indien de Neuve-Chapelle dans le Pas-de-Calais par Jean-Guy Degroote.

pour voir plus d’illustrations sur le mémorial indien: https://flic.kr/s/aHsk4FWBTE

pour en connaître plus sur l’engagement des troupes militaires indiennes pendant le première guerre mondiale:

https://www.centenaire.org/fr/espace-scientifique/pays-belligerants/lengagement-militaire-indien-pendant-la-grande-guerre

pour mémoire : https://sydrach357.com/2013/08/12/france-inde-naguere/

Un Weekend Ordinaire en Martinique

« Mais, tu ne t’ennuies pas trop en Martinique ? » La question m’a été maintes fois posée.

Laissez-moi vous conter deux jours de février.

Samedi 15. Matin calme. Le soleil joue à cache-cache avec les nuages. 28°. De mon côté, je réagis à quelques messages, puis je continue la lecture de « La vocation de l’Occident » de Louis Lallement. J’entends déjà votre question : c’est non. Celui-là était moine Chartreux. Je précise « moine » pour certains enclins à croire que l’auteur eût pu être de la gent des « raminagrobis »!…et surtout pas « de la gente » ! Encore ai-je entendu sur une radio réputée pour sa culture en France, un éminent (?) spécialiste du langage affirmer que la faute était tellement courante qu’elle finirait, finira par devenir la règle !… Tant pis pour les vieux cons !

Mais, revenons à mes moutons. Evitons de friser la divagation. Errance de scripteur !

Béa cultive son jardin toute la matinée. De cet exercice de méditation, elle récolte deux premières tomates et un fraise…exercice de concentration et de patience.

Ce même jour – le samedi 15 pour ceux et celles qui auraient déjà oublié – dès 13h45, nous rejoignons la plage de Madiana pour nous immerger dans le carnaval et ses plus de 2 500 « carnavaleux ». Nous nous laissons emportés par cette canalisation des libertés les plus déjantées. La liberté n’est qu’un mythe enraciné, un rêve antalgique. Cette fête est organisée par le club Rotary de Schoelcher au bénéfice de l’accompagnement des enfants souffrant de troubles DYS, troubles spécifiques cognitifs, troubles de l’apprentissage.

Démarrage du défilé depuis la plage de Madiana

Bientôt nous dépassons la foule car nous devons participer à une veillée funèbre. Un détour par la maison pour changer de tenue. Quand même ! Un autre petit détour pour prendre un ami et nous filons vers Le Marigot, commune située au nord de La Martinique. Nous prenons le chemin le plus court par monts et par vaux !!! Nous reviendrons par la côte : deux fois plus long en kilomètres, mais en deux fois moins de temps, et plus en sécurité !

La maman d’un co-pain vient de décéder.

Veillée funèbre.

Nous avons pu, Béa et moi, constater que le « funèbre » caribéen n’est pas le « funèbre » métropolitain. Ô combien.

Après plusieurs expériences et réflexions…

Les Français « européens » se réunissent autour du défunt. Les mines sont compassées. Les propos de pures formes, bredouillés et sans doute nuancés, quelque peu, d’un brin d’hypocrisie ne servent qu’à combler les silences : tentative ultime quoique vaine, de dissiper la gêne. Le mort et la mort tiennent la vedette…et les regrets aussi. De facto, l’exclusion est de rigueur. Le défunt et nous les sursitaires ne sont déjà plus du même monde. Pas encore ! Le bateau a largué les amarres. Les mouchoirs des plus proches sont trempés. Les autres se pressent pour quelques affaires urgentes…Certains rouleront « à tombeau ouvert » pour une rapide “circumambulation”autour d’un cercueil scellé, un sourire grimaçant de compassion et le dépôt d’une piécette pour les plus généreux. Il faut satisfaire aux règles de la politesse, de la tradition ou conjurer un sentiment de culpabilité.

En Caraïbe, le défunt fédère. Mort et vivants communient. La foule se presse et défile devant le cercueil de verre. Une phrase revient souvent : « C’est bien elle ! », « C’est bien lui ! ». Nous avons même entendu : « Il a fait du beau travail ! » pour célébrer l’œuvre du thanatopracteur. Une petite prière. Un petit geste. Quelques paroles feutrées. Les plus compassés garnissent un cordon de siège en guise de garde d’honneur et bordent l’ambulation.  Passé nonchalamment ce passage obligé, chacun se fond dans la foule, souriant de retrouver celle-ci ou celui-là. Les sourires s’échangent. On salue. On embrasse. On découvre un ou une telle qu’on ne connaissait que par ouï-dire, par relations interposées. Les verres et les petits pains quittent les plateaux qui zigzaguent emportés par des mains distraites ou attentionnées. Les « exilés » de la famille fraîchement atterris, retrouvent pour l’occasion et leur terre et leur peuple Chacun se réjouit de cette « ré-union ». L’ambiance est bon enfant. Tous ont gardé leurs habits du jour.  Le ciel est, comme souvent en Martinique, clément. Les regroupements se font à l’extérieur. Tout à coup, d’une parcelle de l’espace, un chant de voix de femmes s’élèvent, cristallisent les ferveurs jusqu’alors restées discrètes. Des voix d’hommes s’y joignent en grave catimini. Insouciants, des enfants fendent la foule en “trompe-la-mort”. En ce lieu, la vie reste la plus forte.

Le lendemain. Célébration religieuse. La petite église adventiste de Dominante ne peut accueillir tout le monde. Les femmes sont coquettes. Pour la famille, elles portent le chapeau ou la coiffe. Les tenues siéraient pour un mariage. Pour une fête. La mélodie des Mornes s’élève à chœur déployé : sublimes voix. La mélodie reviendra ponctuer la cérémonie jusqu’à l’inhumation. Soliste ou chorale apportent l’émotion que , seul, le deuil ne pourrait commettre à ce point. Dans le cimetière, lotissement couleur lumière, quelques mots de témoignages, des prières, des chants et une fanfare qui termine son récital, se muant en jazz-band : « oh when the saints go marching in ! ». Armstrong et Nougaro chantent dans ma tête.

C’est ainsi que nous avons quitté Manroro (enregistrement “live” dans le cimetière)

« Armstrong, un jour, tôt ou tard,
On n’est que des os…
Est-ce que les tiens seront noirs ?
Ce serait rigolo
Allez Louis, alléluia !
Au delà de nos oripeaux,
Noir et Blanc
Sont ressemblants
Comme deux gouttes d’eau
 »

Je colle aux basques des musiciens pour quitter la résidence « post-mortem » avec « vue sur mer ». Je quitte des connaissances en leur disant : « A la prochaine ! ». C’était un dimanche. Nous nous revîmes le mercredi suivant pour un autre « Au revoir » au François.

J’ai connu en métropole des fêtes plus tristes. Ici la tristesse est discrète, voilée de convivialité sincère.

Fis ceux qui se gaussent de la foi simple du charbonnier. Le Martiniquais dans sa grande majorité est « religieux ». Cela le rend plus résistant face aux aléas de la vie. Brandissant l’étendard de la laïcité, y mêlant par excès, pêle-mêle, athéisme, anticléricalisme, matérialisme, se faisant fort de sortir de son contexte le cri de Nietzsche – « Dieu est mort » – le métro-européen se trouve bien dépourvu face aux aléas de la vie. Déconstruire sans reconstruire n’est que ruine de l’âme et de l’esprit.

Si l’ordre doit sortir du chaos, il appartient à l’humanité de construire son avenir. Et non pas le « reconstruire ». Pour le moment, les iconoclastes ne me proposent « rien » si ce n’est réfutations et consumérisme désespérant. J’entrevois bien quelques balbutiements de-ci, de-là, mais les fruits seront pour les enfants des enfants de nos enfants.

Le chemin ne sera pas facile, mais j’ai confiance. Des épreuves autrement plus difficiles ont été surmontées par l’Humanité!

Nous ne sommes que des semeurs, mais semons !

Etienne Lallement – 27 février 2020


Pillage de sépulture…

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Pour ouvrir une parenthèse dans ma lecture des auteurs martiniquais, j’ai entamé un livre signé Guy Deloeuvre intitulé “Jean d’Ormesson – Les bons mots”. offert par ma petite sœur Thérèse.

L’essentiel de l’ouvrage est la retranscription in extenso (?) des prises de paroles de l’auteur décédé. Discours d’accueil. Discours de deuil. Ici s’arrête tout l’intérêt du livre. Le reste est décousu, assemblage de bric et de broc. De tout évidence, la rédaction est bâclé dans la précipitation. L’émotion du moment de deuil devait en faire un succès. Un gros tirage. Il fallait faire rimer d’Ormesson avec pognon. L’académicien méritait une autre oraison funèbre que les accents cupides d’un folliculaire. On ne s’improvise pas Bossuet. N’est pas d’Ormesson qui veut. Encore qu’ici cette volonté fait défaut.

Etienne Lallement

photo de la couverture du livre qui porte pour référence: Printed in Poland by Amazon Fulfillment Poland Sp.zo.o, Wroclaw. – montage photographique et détourage par In Pixio Photo Clip 7

R-éveil au seuil du sépulcre

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Une formule dit: “Cherche et tu trouveras“. Il est quelquefois inutile de chercher. Les êtres et les choses viennent à nous. J’avais envisagé de quitter le flux des œuvres de Patrick Chamoiseau pour retourner vers les mots de Césaire ou quelque autre antillais laissés en suspend… Mais, le hasard qui n’existe pas en a décidé tout autrement.

Je pénétrais dans une officine qui s’est parée du titre d’Ananda, l’oasis de la connaissance“. Ananda fleure bon l’Inde et me réveille une tralée de souvenirs. Sat, Chit, Ananda.”

Entre une méthode Yoga et l’art de la conjuration par je ne sais quels grigris, onguents ou invocations, trônait une pile de “Chamoiseau”. Je complétai mes achats. Je retournai un exemplaire gansé de vermillon et la lecture de la “quatrième” écarta la promesse que je n’avais faite qu’à moi-même.

Une semaine suffit à infuser l’oeuvre. le magasin vend des encens et chaque page imprégnée exhale des fragrances orientales et sacrées. Une odeur de célébration parfume la lecture d’un opus consacré à la mort.

Pas de tragique. Par de larmoiement. Les effluves de la mémoire. Les phéromones du passé. Émotions du présent avec un rien de détachement.

Autour de Man Ninotte que le souffle a quitté, la vie d’une famille, la vie, l’histoire, les histoires d’un peuple. Tous se dévoilent dans leurs grandeurs et leurs faiblesses. Catharsis fleurissant en oeuvre littéraire. Maïeutique dé-livrant l’orphelin. Ceci n’est pas une fiction. Un auteur “fait” son deuil de sa “manman”. Humain.

Quel cadeau pour moi qui vis en Martinique depuis plus de trois ans et ne veux être assimilé mais vivre comme un poisson en mer créole. Livre important pour qui veut toucher l’art du vivre caribéen en ses racines, ses enchevêtrements “rhizomiques”.

Mes lectures font naître souvent des musiques en fond d’écran de mon imagination. A la lecture de “La matière de l’absence“, j’entendais la Symphonie Pastorale de Beethoven. Je ne veux savoir pourquoi. Elle s’interrompait de quelques mesures que déjà dans la béance du silence s’infiltrait la trompette de Miles Davis. Je sais pourquoi.

Etienne Lallement – 27 mars 2018

D’Ormesson, Hallyday….

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Angoisse et goutte d’huile !

Que de bruit. La mort fait du bruit ou plutôt le cause.
Dans l’espace de vingt-quatre heures deux hommes cessent de vivre et la vie de beaucoup est bouleversée. Chacun s’exprime, en folliculaire se transforme, pour parler d’êtres qu’il n’a pas connus. En effet, il n’en connait que des images fabriquées dans les chaudrons bouillonnants des médias et jamais tamisées, à quelque niveau que ce soit, d’un quelconque esprit critique. De quelconques propositions divergentes pour ajuster son jugement.

Et même : dans les gardes rapprochées, ami ou ennemi peuvent-il, déjà, être objectifs ?

Mais en fait, le fidèle-adorateur ou l’iconoclaste ne recherche pas la pluralité des opinions. Il lui est servi le film de son rêve, le voile de ses illusions, et il refuse toute atteinte au scénario.

En fait, l’humain fabrique ce qu’il veut croire et s’y accroche comme un naufragé au radeau de la Méduse. Là est le frêle esquif de sa survie, de son espoir. L’être a besoin de certitudes comme autant d’étais à la charpente de ses fragiles convictions. Et gare à celui qui sèmera le doute et l’angoisse.

Il dresse, pour ses besoins, sa vie durant, des autels à des idoles qu’il a lui-même engendrées. Combien de croyants religieux de tout courant, d’incrédules, combien d’anticléricaux, combien d’athées sincères sont devenus « idolâtres » en contradiction de leurs propres affirmations ou négations.

A ces idoles, l’humain transfère son ego. Il vit par procuration. Il cultive son opium. Il rêve sa vie. La vie dont il ne sait pas tirer la quintessence. Personne ne lui a jamais appris, car il fallait faire bien d’autres choses de sa vie.

« Jean d’Ormesson possédait le talent et l’esprit qui me faisait défaut. » n’avoue pas l’un.

« Johnny Hallyday menait la vie de paillettes dont je rêvais et rêve encore. » avoue l’autre des étoiles plein les yeux.

Chacun est dans l’erreur, dans l’erreur commune, de croire que « certains » sont plus indispensables que d’autres.

Le plus humble d’entre nous a une responsabilité majeure dans l’existence, un rôle à « accomplir », une mission à « jouer » tout aussi importante que ceux qui crèvent l’écran. Personne ne nous en persuade. Tous sont dans le doute et la culpabilité refoulée. Convaincre serait humilier.

De temps en temps, une serrure a besoin pour bien fonctionner d’une simple et minuscule goutte d’huile. Sans huile, l’oxydation s’installe et bientôt l’huis le plus lourd est condamné. Qui se soucis de l’huile en regardant la porte s’ouvrir et se fermer.

Sachons, humblement mais fièrement, être des gouttes d’huiles pour permettre l’ouverture en grand et sans grincement des portes dans la vie. Invisibles mais indispensables. Sachons être mille choses encore…

Mais sachons « ETRE ».

Et comme disait Monsieur de La Fontaine trop vite écarté de notre éducation :

« Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde : 
On a souvent besoin d’un plus petit que soi.
 »

 

…et s’il me faut être goutte d’huile, que je sois efficace dans ma mission : une huile essentielle.

Et que, grâce à nous, s’ouvrent les portes !

Etienne Lallement

8 décembre 2017