Sentier des deux bois…

Le Bois des Dames, la Louvière

Je désire reprendre l‘exploration de mon périmètre naturel de vie où je l’avais abandonnée avant-hier. Pour cela, je rebrousse la descente pavée des Hayettes. Ce petit chemin sentira bientôt la noisette. Pour l’instant, s’épanouissent sur ses flancs, des fruits d’églantiers que savants appellent les cynorhodons et que, dans ma jeunesse, nous appelions d’un nom désormais interdit sur Google pour atteinte aux bonnes mœurs : les “gratte-c.l! Plus loin, une guêpe? Pas du tout, un syrphe ceinturé, notre alliée contre les pucerons. Des framboises débordent devant moi: elles attendent les gourmands dans quelques jours, au terme de leur brunissement.

Je continue l’exploration de mon environnement…il suffit de ne pas passer le pont pour rejoindre la forêt du bois des Dames. Virage à gauche!

Ma pérégrination se faufile entre la rivière La Lawe et une rangée de pavillons où hurlent des bergers-allemands, où s’égosille un roquet pomponné, où se surexcitent des bâtards hargneux: la promesse de sécurité est à ce prix. Je presse le pas…

Malgré les vociférations canines, la nature rehausse de sa beauté les bas-côtés oubliés par l’homme et ses machines. Une linaire-commune agite ses calices. Une abeille, cette fois, s’équilibre et butine au sommet d’une porcelle-enracinée.

Puis, la délivrance à l’orée de la forêt précédée d’un tapis pastel : impressionnisme végétal d’un paysagiste, paysan inspiré. Tel un pinceau abandonné au bord de la palette après l’ouvrage, un pois-de-senteur est bien isolé sur le bord du chemin.

Puis la forêt s’ouvre et je suis rapidement happé, englouti dans un monde de bouleaux, de hêtres, de châtaigniers, de chênes même… Une cathédrale de silence. Silence mystère, silence mystique, silence sacré. Les papillons de chœurs vêtus d’ailes blanches immaculées, virevoltent jusqu’à m’effleurer et tirent mon regard vers la canopée. D’entre ses entrelacs de verdure, la voute gothique libère à foison des colonnes de lumière céleste qui dessine sous mes pieds des labyrinthes ondoyants.

Une alternative: Le sentier du Bois des Dames ou le sentier de la Louvière. Pour aujourd’hui, ce sera La Louvière.

Quelques infos glanés sur les panneaux plantés à l’entrée du site du côté de Lapugnoy: “Le bois repose sur une bute sableuse datant du Tertiaire (- 65 millions d’années à – 1,8 millions d’années), témoin du va et vient de la mer pendant des millions d’années. Ce substrat est peu répandu en région. Exploité au cours du XXème siècle probablement pour la verrerie, sont usage a cessé dans les années 1960, laissant place à des pelouses acidiphiles (qui se développent sur sols acides, riches en silice), habitat très rare et menacé en région. Plus de 500 mares font l’originalité du site. Leur origine est peut-être due aux bombardements lors de la Seconde Guerre Mondiale. C’est un lieu de vie précieux, mais qui se fait de plus en plus rare. Avec une superficie de 22,42 hectares, le bois de La Louvière est la seules partie communale du massif forestier du Bois des Dames (630 hectares) poumon vert du triangle constitué des villes de Béthune, Bruay-la-Buissière et Marles les Mines. Le bois de La Louvière présente de grandes similitudes avec celui de Roquelaure, situé non loin. Le site possède une physionomie tout à fait originale de par l’alternance de milieux secs et humides et la présence de plus de 500 mares, de petits suintements et d’une ancienne sablière. La richesse des habitats s’accompagne d’une diversité d’espèces remarquables. Plus de 180 espèces de végétaux et la faune n’est pas en reste: 46 espèces d’oiseaux, 8 espèces d’amphibiens, 23 espèces de papillons, 7 espèces de libellules recensées à ce jours. Parmi les amphibiens, la salamandre tachetée. cet amphibien nocturne dort la journée sous un tas de feuilles ou dans le creux d’une souche. La salamandre va très rarement dans l’eau mais vit près des cours d’eau ou des mares peu profondes où elle va pondre.

J’aime savoir où je mets les pieds, où je pose les yeux, où j’inspire: ces panneaux sont indispensables pour s’imprégner différemment de ce petit paradis sylvestre. La réceptivité, la sensibilité de mes sens furent bien différentes sur le retour.

Le bois de La Louvière, le bois des Dames cours y vite! cours y vite! L’automne devrait de ces futaies et taillis faire jaillir des explosions de couleurs chaudes et nuancées. Ephémères! Cours y vite, elles vont filer!

Etienne Lallement le 11 septembre 2023

pour en savoir plus :

https://www.lavoixdunord.fr/644848/article/2019-10-06/bruay-la-buissiere-le-bois-des-dames-vestige-du-moyen-age

Paul Fort: https://www.poemes.co/le-bonheur-paul-fort.html

Canicule! Je déambule!

Je découvre peu à peu le village de La Buissière…

Depuis le chemin des Hayettes, à angle droit, le chemin s’enfonce sous la ramure… Un nouveau virage à droite… Quelques troncs centenaires, abattus, agonisent aux bas côtés, abandonnés.

Quelques dizaines de mètres encore et des ruines sortent, avec peine, des ombrages.

Elles sont des vestiges du XXème siècle. Notre civilisation bâtit dans l’éphémère. A peine élevés de quelques dizaines d’années, les châteaux-béton s’effritent et s’inclinent devant une nature en reconquête.

Non loin de là, de sa blancheur calcaire, le donjon multi-centenaire cristallise la radiation solaire. Il réfléchit. Fort de ses huit siècles d’érection chaotique, il semble narguer ces bastions de béton dit “armé” aux pouvoirs dérisoires et aux crénelages inutiles.

Un panneau annonce la restauration des jeunes ruines, mais déjà les dates de décisions, de consultations en mairie sont effacées. Démarrage des travaux “sine die”…

Point d’arbalètes, point de bombardes… la nature renforce son siège et s’infiltre…

Ces musiques qui nous font du bien…

Après 10 ans d’absence de la France métropolitaine, je reprends “racines” dans mon pays natal. Plus particulièrement avec “son peuple”.

Ce matin, 5 juin 2023, j’écoutais sur France-Musique des responsables de “fanfares” déplorer d’être les parents pauvres de la musique en France. Je pensais à cette audition hier à La Buissière, de l’ensemble de percussion du Conservatoire Communautaire de Béthune-Bruay, ainsi que le concert de printemps de l’Harmonie de La Buissière. Ici aussi, n’y a t-il pas un manque de diffusion, de communication pour les ensembles “Amateurs” capables d’offrir des concerts de niveaux “très-honorables”. Euphémisme!

Nos oreilles étaient à la fête.

Mon absence – 10 ans c’est long – ne m’a pas permis de découvrir cette phalange du conservatoire: les percussions. Surprise! Je suis surpris par leur nombre, leur diversité, la passion de nombreux “artistes” de tous âges agiles à frapper de leurs maillets les lames de bois ou de métal. la jeunesse des “artistes” nous conforte quant à l’avenir de la musique et des “bienfaits” sur notre territoire. A suivre…

En seconde partie, c’est l’Harmonie de La Buissière qui célèbre le printemps. Ici encore la qualité et plus encore l’émotion sont au rendez-vous. Harmonie et Intergénération rendent à l’évidence que la musique est un médiateur irremplaçable entre les êtres de tous âges. la musique, certes, mais toute forme d’Art. L’Art doit être au coeur de toute éducation et non pas le parent pauvre comme trop souvent. L’Harmonie – le Beau – engendre la Paix!

Si la musique souffle l’émotion, en cette journée de printemps, le souvenir de Geoffrey Verstavel planait sur les mélodies. Geoffrey était avec sa famille et soutenu par l’actrice Marion Game, à la pointe du combat contre la mucoviscidose, maladie qui devait l’emporter en janvier dernier à l’âge de 34 ans.

Le maestro Frédéric Lorthios salue la famille de Geoffrey à l’issue du concert.

Les amis percussionnistes de Geoffrey Verstavel et l’Harmonie de La Buissière terminèrent le concert par une interprétation commune de la chanson de Gilbert Bécaud : “et maintenant que vais-je faire? de tout ce temps que sera ma vie … en ultime hommage à Geoffrey. Emotion!

Autour du château de La Buissière

Je n’ai plus rien écrit, j’ai délaissé mon appareil photo depuis le départ de Béatrice.

Depuis une semaine, j’ai repris la plume et l’objectif…

Ce matin, le soleil m’aspire en dehors de chez moi. Je pars à la (re)découverte de mon quartier, de mon village. Pour cette renaissance, je dirige mes pas vers les ruines du donjon qui surplombe l’école où aujourd’hui s’anime la kermesse de fin d’année scolaire: “Alexandrie! Alexandra!” Claude François a encore la côte au XXIème siècle!

Je dépasse la fête. Mes pensées vagabondent et devant la tour d’un autre âge se profile le souvenir de “Monsieur” Paul Van Wymeersch, historien de passion avec qui j’avais eu le privilège de m’instruire de l’histoire locale pendant que son épouse et ma maman partageaient des souvenirs de “l’occupation“: une partie de leur jeunesse.

Avec Paul, nous étions plutôt au Moyen-Âge local et régional, ses remparts, sa noblesse, son Histoire. Ses histoires: guerres et intrigues, mariages et trahisons emplissaient la voix forte de l’historien passionné. Passionnant. La dernière “trahison” qu’il évoquait avec emportement était “la fusion de La Buissière avec Bruay”.

La bâtisse ne lève plus vers le ciel que son donjon féodal: les remparts s’ils avaient résisté au combats de près sept siècles de guerres, n’ont pas résisté à la pioche des démolisseurs fourbie par le désintérêt et les besoins d’espace nécessaire “aux affaires”.

Ayant fait le tour du doigt dressé vers le ciel, je vagabondais dans les environs…

La porte arrière du stade-vélodrome: fin des années 1950, j’allais m’égosiller pour supporter l’équipe de “foot” de Bruay-en-Artois au grand dam de mon grand-père “pépé Antony”. Il faut dire que je répétais en criant bien fort et ramenais à la maison une belle collection d’insultes, d’injures et de “gros-mots”. Je m’empressais de les transmettre à mes petits camarades de l’école Pasteur. L’arbitre et les joueurs en prenaient plein leur grade. “Vae victis” aurait dit Brennus!

Etienne Lallement – 3 juin 2023 –

Bruay-la-Buissière

les ouvrages de Paul Van Wymeersch à la Médiathèque de Bruay-la-Buissière

Ah! ça ira! ça ira! ça ira! ça ira!!! en 2023!

Haillicourt – 2022

2023

Et si nous faisions la révolution ?

« Encore une révolte ? »

Non une révolution !

Une vraie Révolution !

Nous partirions à l’assaut de la Bastille !

De notre bastille 

Où croupissent,

A pont-levis relevé,

A huis-clos,

Quelques faux-monnayeurs,

Un monstre pervers,

Un régicide entravé, abandonné, oublié…

Un fou…sans raison

Une bastille où

Court un rat,

S’égare et tisse une araignée,

Une bastille où

La pierre suinte irradiée de salpêtre,

Où le courant d’air

Se gonfle et se divise en mortel messager par le feu ou la glace

Une bastille où rouille le fer,

Où claque la porte,

Où crisse le gond,

Où geint la serrure,

Où grince le pêne,

Où s’alourdit la peine,

Sans gêne !

Une bastille à démanteler pierre à pierre…

« Passer de l’empire à la république ? »

Non ! passer de l’empire à la fraternité…

« Mais la fraternité est corrompue !!!??? »

Elle balbutie…reste à construire et à réaliser…

Pour la fraternité, mille fois et plus «*sur le métier remettons notre ouvrage,

Polissons le sans cesse et le repolissons » !

Mais pour le moins, pour l’an qui vient,

Passons de l’an pire à l’an mieux !

Heureuse Année !

A ceux qui m’aiment,

A ceux qui me détestent,

A ceux qui m’ignorent…

Heureuse Année à TOUS car nous avons tous à gagner du bonheur de tous !

Etienne Lallement

Décembre 2022

D’après *L’Art Poétique de Nicolas Boileau — « Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, / Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. »

La Bastille

Nerfs de la guerre! Nerfs de la Paix

Les commémorations du même évènement peuvent prendre des aspects bien différents. Ce 11 novembre 2022 en est tout un symbole. Revenant de la cérémonie organisée par la commune de Calonne-Ricouart, j’ai assisté à l’essentiel de la cérémonie de la ville de Bruay-la-Buissière.

Le contraste est saisissant! Bruay-la-Buissière – 21 000 habitants, Calonne-Ricouart – 6 000 habitants sont aux antipodes “cérémoniels”.

A Calonne-Ricouart, les enfants sont au centre de l’évènement. Hormis le maire, ils sont “la parole” de l’évènement: discours, pages de mémoire, création de textes, poésie… Les jeunes de tout âge sont “devant”. En première ligne! Les adultes, parents, enseignants musiciens, politiques sont en retrait dans un cercle protecteur et admirateur. Les jeunes se sont appropriés la cérémonie: ils sont “la cérémonie”.

Plus tard, j’arrive à Labuissière où se déroulait la même cérémonie pour le même “office républicain” de mémoire. Sur le chemin, je croise de nombreux parents et enfants. La cérémonie était-elle achevée? Non et de loin! Je comprend vite. En tentant de m’approcher du “monument au morts”, centre de l’évènement, je tente, mais n’arrive pas à me faufiler. Si les participants sont peu nombreux, leur rassemblement est compact. Impénétrable. Qu’importe! Je contourne l’église. Ici, beaucoup moins de monde mais la cérémonie est presque invisible: nous sommes “derrière”. Derrière le monument, l’harmonie de Labuissière. Derrière encore, un groupe d’élèves “dissipés” avec un professeur. La jeunesse est reléguée “en fond de cour”. Leur impatience et leur ennui sont compréhensibles. Il ne sont pas incorporés et participatifs. A cet endroit, les discours ne parviennent pas. La sono est malingre et tournée vers le mur des “officiels” qui consolide l’ouvrage en première ligne sur l’autre front.

L’équipe du maire de Bruay-la-Buissière, Ludovic Pajeot nous avait habitué à plus d’innovation dans sa communication. Ainsi, sont ressorties les vieille méthodes qui ont participé à plomber “l’ancien régime”…

Si l’argent est le nerf de la guerre, la communication doit être le nerf de la paix.

Nos enfants seront les nerfs des guerres futures. Nos enfants seront les nerfs de la Paix espérée. Nulle pédagogie ne prend racines sans volonté de l’enfant, sans participation de l’enfant. Sans prise de conscience.

Etienne Lallement 13 novembre 2022

“Plus jamais ça!”

Plus jamais ça! L’horreur devait guérir l’occident des velléités de la guerre. De toutes guerres! Et pourtant!

La folie meurtrière est-elle une gravure génétique dans le génome humain?

Comment des “milliers” peuvent s’immoler sur l’autel des sacrifices au profit de quelques-uns! L’idée de mourir pour des idées est-elle le fruit d’une éducation? pire d’un endoctrinement? Ne meurt-on que pour choisir une servitude que nous appelons abusivement “Liberté”?

Nous n’avons qu’une liberté, c’est celle de choisir nos chaînes.

Les enfants de nos enfants ne s’ouvriront à un nouveau principe de liberté qu’aux mamelles du respect mutuel de tous envers tous. La condition est de mettre déjà en eux une soif de liberté emprunte d’égalité et de fraternité. D’équité!

En ce 11 novembre 2022, il nous semble percevoir un frémissement dans ce sens dans les commémorations de l’Armistice 1918. Les adultes se mobilisent, les enseignants se motivent et motivent, les jeunes adhèrent et participent: c’est de bonne augure.

Mais de longs et pénibles efforts sont encore nécessaires.

La guerre est en Europe! La frontière ukrainienne est à 1 800 km de Calonne-Ricouart ! 2 heures d’avion!

Dans l’esprit de l’Homme du 21ème siècle et à fortiori dans celui de nos enfants, le “patriotisme” n’a plus beaucoup de signification. Alors? Mourir pour la Patrie n’a pas de sens!

Qui se culpabilise quand il achète le dernier “machin à la mode”? Peu importe si la production “à l’étranger” est le fruit de l’exploitation de l’homme par l’homme! De l’enfant par l’homme!

J’étais à Calonne-Ricouart en ce 11 novembre et j’ai pu percevoir dans les paroles d’enfants, dans les propos du maire, ce frémissement qui donne espoir. Il reste, désormais, à mobiliser.

A défaut d’éthique, l’être humain a forgé des morales! Les morales nous donnent des lois. L’éthique nous donne du coeur.

Etienne Lallement 12 novembre 2022

Que les gens heureux se lèvent et proclament leur bonheur à la face du monde!

Echos aux vœux pour 2022 émanant de Jacques, Jean-Marie, Patrick, Françoise, Hélène, Bernard, Eliane, Marie-Hélène, Stephan, Lisette, Mireille, Annie, Guillaume, Jean-Claude, Dominique et tous les autres… Gylna portait l’ultime estocade votive dans les dernières heures de janvier. Je ne retiens les prénoms que des derniers messages arrivés, de ceux qui déployaient quelques lignes. Le plus prolifique des quelques trois-cent-cinquante correspondants, nous gratifiait de deux pages! Vous comprendrez qu’il m’est impossible de répondre à tous individuellement.

En fait, il faut dire que ,de plus en plus, les messages se limitent à des animations sur les réseaux sociaux aussi chatoyantes qu’exubérantes en explosions pétaradantes. Nous avons même reçu le même feux d’artifice vingt sept fois! Record de ce début d’année! Par contre, nous n’avons reçu qu’une seule fois un feu d’artifice sous forme d’éclosions accélérées de fleurs. Merci Annie.

Artifices” serait-il le mot le plus caractérisant de notre civilisation en 2022?

Par habitude, pudeur, discrétion, par peur même, chacun d’entre vous utilise le support de son choix, Messenger, WhatsApp, mail ou téléphone avec ou sans vidéo délaissant l’espace dévolu sur le blog. Rien de ce genre dans la boite aux lettres désespérément vide au portail de la maison. Mais que deviennent les éditeurs de cartes-postales et nos amis les facteurs en cette période d’intenses échanges? Sont-ce des victimes collatérales de plus d’un progrès galopant?

La verve épistolaire déployée me confirme une fâcheuse tendance à la “déprime“. “Déprime” amorcé depuis quelques années et toujours en accélération. En macération! Force est de constater que notre époque se complait de “copier/coller”, noyant trop souvent la pensée individuelle en un marécage glauque générateur de remugles indifférenciés. A respirer ces effluves, la tête me tourne. Le nauséeux étouffe la fragrance. Mais soyons conscient qu’un seul fruit pourri rend insupportable le panier tout entier. Dix fruits sains ne sauveront pas la réputation du même panier.

Le nœud du drame est là. Le bonheur est moins contagieux, moins évident, moins communiquant que le malheur et la haine?

Et pourquoi donc?

Dans la course effrénée de la vie, les “optimistes” sont l’essentiel du “peloton” de nos correspondants. En toute discrétion. En trop de discrétion. Par gêne? Par peur? Mais la question doit se poser: optimisme sincère ou optimisme “forcés”?  Émile Coué de la Châtaigneraie a toujours des adeptes!

Si ma propre missive initiale a pu paraître “pessimiste“, mon alerte se limite à l’état d’esprit de mes contemporains et non à la vie. La vie est la vie. La vie est vie. Depuis la nuit des temps, sans faillir!

D’Auvergne, sous la plume d’un Jacques et de sa muse Maryvonne, mes propos sont qualifiés de “jouissifs” et de “parler vrai“. “Jouissifs” flatte mon ego. “Parler vrai” m’interpelle. Un autre Jacques me remercie d'”écrire tout haut ce que nous sommes nombreux à penser confusément, sans savoir le formuler, ou plutôt sans vouloir le clamer avec honnêteté aussi clairement.”.

Pour vivre heureux, faut-il vivre caché? L’être heureux n’a-t-il pas le droit de témoigner de son bonheur, de rayonner? La peur de perdre “notre petit bonheur” nous fait-elle nous ceindre de sombres remparts? La crainte de l’autre ou la volonté de l’ignorer ne nous transforment-t-elles pas en tortues promptes à se caparaçonner? Lenteur et prudence du timoré font de lui le gibier de prédilection du prédateur.

Paradoxe supplémentaire, s’il en fallait, le bonheur rend parfois honteux celui qui le possède.

Jean-Marie se sent tel un “être pestiféré dans sa retraite [qui] observe avec une épouvantable lucidité ce qui se passe dans mon cher pays. La rancœur qui suinte de tout côté […] . Un monde complètement dingue, anthologie de la maladie mentale […] Je ne désespère malgré tout pas de l’Homme.”.

Ces derniers propos peuvent résumer l’amplitude de l’ensemble de vos messages. J’y reviendrai en conclusion.

Souffre que je ne réponde pas pareillement. Je vous embrasse “fraternellement” et ce mot résonne chez moi car il émane d’un lieu où l’écho est infini.“… […] “Que cela ne nous empêche pas d’espérer.”

Ne réponde pas pareillement“!. Bien heureusement! Il appartient à chacun de s’exprimer selon sa personnalité. Fi de plagier le correspondant ou de copier une forme épistolaire qui nous est étrangère. Dans toute correspondance, soyons “nous-même”. La volubilité n’est pas toujours signe de “qualité” d’écriture ni, surtout même, signe de “sincérité”. Dans les échanges, la sincérité prime surtout. Sur tout! Trois lignes peuvent l’emporter sur trente page. (Laissez ici l’ignoble que je suis battre sa “coulpe” sans rougir). Le mot “fraternité” me réjouit venant “d’un ami fidèle”. L’efficience de ce mot ou plutôt de la réalité qu’il est censée représenter possède la capacité de changer la face du monde. Mais… notre époque le voit s’atrophier comme “peau de chagrin” chez les “Cassandres”. Les beuglements démago-politiques de tout bord semblent vouloir sa perte alors même qu’ils en revendiquent les valeurs! Hypocrisie! “Narcisse et Ego” sont le couple infernal de notre époque hypermédiatisée. Même les hérauts de la “fraternité sacralisée” dont nous sommes sont gangrénés. “Alerte! On ENTRE en profane…

Plus optimiste, l’une d’entre-vous, perçois “des signes de partage, amour, amitié, lumière, espérance“. Tout n’est donc pas perdu si nous sommes capables de “percevoir” des qualités universelles qui ne pourront vivre, survivre que si nous les portons comme des réalités de vie. De nos vies!

Un couple de nos amis nous souhaite “Une santé en inox!“. Toute expression de la vie, philosophique, mentale, sentimentale, professionnelles ou religieuse ne peut s’épanouir qu’adossée à la “bonne santé”! L’équilibre philosophique, mental, sentimental, professionnel ou religieux doit concourir au “capital santé” et à la vitalité qui permettra de faire face à la maladie. Cette “quête d’équilibre” doit être une priorité de l’éducation.

D’autres envois sont plus concis, mais tout aussi vivifiant: “Santé! Santé! Santé! Que 2022 soit explosif“. Nous prenons cet appel au sens le plus positif. Cette Annie n’a rien d’une terroriste mais prône “l‘explosion de bonheur, de paix et d’amour!

Un couple de “nordistes”, envisage pour nous des rencontres, des découvertes, amour et bonheur partagé.. Voilà sans doute des composants essentiels de la “recherche d’équilibre“. Vivre par l’autre au travers de l’autre. L’équilibre personnel ne peut se concevoir que dans la quête d’osmose dans l’environnement humain. Là aussi, il faudra aller à l’encontre des “vociférateurs-semeurs-d’angoisse” qui prêchent l’ostracisme, la xénophobie et le repli identitaire.

Une amie “très chère” du midi scrute dans le retro “les êtres chers, les amis véritables” qui nous laissent désormais continuer la vie sans eux. Du moins physiquement…[“A d’autres dimensions Domi!“] En effet, l’année (2021) a creusé des trous irréparables.”. Faisant fi des réseaux sociaux elle prend le temps d’écrire à chacun des amis triés sur le volet“. Les mots “Je vous aime, vous me manquez! mettent un point d’orgue à notre émotion en ce temps de convenances polies, impersonnelles ou intéressées. Elle suspend son trait parVivons le mieux du monde! Paix! Amour!“. Qu’ajouter de plus vibrant?

J’en terminerai avec les citations avec Guillaume qui souhaite de “s’épanouir pleinement, croquer la vie à pleine dents. Il ne tient qu’à nous de faire de 2022 une merveilleuse année. L’important, c’est qu’il y ait le moral!“. Conclut-il.

En conclusion, laissez-moi vous présenter mes “intuitions”, tentatives explicatives de cette désespérance insidieuse “qui crève les écrans”. Ecrans qui masquent les chausse-trappes qui piègent

notre chemin…

En 70 ans de ma propre vie, j’ai pu constater une nette progression de la qualité de vie. Dans les années 50/60, période de reconstruction d’après-guerre, des bidons-villes cernaient nos métropoles urbaines. Très peu de familles disposaient de téléphones, de télévision, de toilettes dans les habitations, de salle de bain….Réfrigérateurs, machines à laver le linge, à laver la vaisselle étaient les vedettes du salon des arts ménagers et alimentaient les scoop de l’information mais pénétraient doucement, très doucement les demeures françaises les plus aisées. Les Français consommaient essentiellement “français”. Les informations étaient contrôlées par le pouvoir. Le pouvoir envoyait nos pères, nos frères, en Algérie pour une guerre qui n’en portait pas le nom mais qui endeuilla bon nombre de familles. [près de 25 000 morts, dont 15 500 au combat ou par attentat, 65 000 blessés et 485 disparus]. Combien de combattants rentrèrent traumatisés?

Puis tout s’accéléra dans les années 70. Les progrès de la technologie partirent en flèche, laissant à la traîne l’éducation qui n’avait pas le temps de s’adapter. Les offres de consommation explosèrent en quantité. Les produits disparaissaient noyés sous les rêves entretenus, noyautés par les chaînes de la commercialisation.

La vie devenait l’art d’assouvir ses rêves matériels! A tout prix!

Ce tableau – ci dessous – n’a pas de valeurs absolues. Imaginons que le “temps” s’écoule de la gauche vers la droite sur une période équivalant à la vie moyenne d’un humain (France). La ligne brisée représente l’évolution de la “qualité de vie ressentie” au sens le plus large du terme. La ligne rouge est l’évolution “lissée” de la qualité de vie ressentie sur la totalité de la vie de cet humain.

Ce graphique ne possède pas de valeurs absolues, ni en abscisse, ni en ordonnée.

Flèche “C”: le jeune enfant dans toute son innocence découvre la vie et ne peut la valoriser qu’au contact de ses parents et de ses éducateurs. L'”ambiance” de la prime jeunesse conditionnera à vie.

Dès l’adolescence, l’esprit critique fera surface avec ses angoisses et ses révoltes. Le conditionnement de “l’être” sera encore l’effet de l’environnement humain dont le cercle ne cessera pas de s’étendre. Puis, rapidement, notre culture de communication à outrance amplifiera l’ouverture aux “mondes conditionnés”. De plus en plus conditionnés!

L’âge adulte (pic 1 du graphique). A ce stade, ayant vécu une période de “progrès”, le jeune adulte constatera une régression dans sa perception de la vie. Cette perception étant “dans l’air du temps”, c’est la majorité d’une génération qui méconnaitra progressivement l’espérance et se réfugiera dans les soins palliatifs de la surconsommation tout azimut. L’inanité sera loi.

L’âge adulte (pics 2, 4, 6 du graphique). Ayant atteint un point critique de la descente aux enfers, cette génération “donnera un coup de pied au fond de la piscine” qui lui permettra de remonter en direction de la surface. (flèches A et B).

Depuis la nuit des temps, “l’esprit religieux”, “la foi” tenaient lieu de coup de pied. Il faudra désormais suppléer à sa défection pour trouver une nouvelle énergie. Une nouvelle “spiritualité”? Sous quelle forme?

Toute la vie de “l’individu” et, par delà, de la “collectivité” sera faite de “hauts et de bas”.

Actuellement, nous nous sentons en régression. L’évolution “des valeurs” nous alerte, nous angoisse. Il ne s’agit qu’une courte vue de l’esprit car nous réfléchissons à l’aune de notre seule existence très limitée dans le temps. A notre insu, le progrès de l’Humanité est en marche. Cela se paiera par la chute plus ou moins prononcée de notre civilisation. Les Egyptiens, les Grecs, les Mayas, les Romains…Ces civilisations ont plus ou moins disparues mais nous en sommes les héritiers “culturels”. Héritiers d’une spiritualité désenfumée. Les pyramides, leurs temples, les momies, les œuvres d’art et les écrits même ne sont qu’épiphénomènes. L’héritage est immatériel et intemporel. A nous de l’enrichir pour que, peu à peu, très lentement mais sûrement, en transmettant notre expérience, l’Humanité érige une “Ethique”, un “art de vivre ensemble”, une “science du bonheur”.

A l’échelle de la Vie, nous ne pouvons qu’avoir confiance.

A notre petite échelle temporelle, le désespoir ne peut-être que de mise, à moins que …

Que les êtres heureux se lèvent et proclament leur bonheur à la face du monde!

Et nous verrons bien qui sont les plus nombreux!

Béatrice & Etienne Lallement – janvier/février 2022 – Saint-Joseph – Heureux en l’Ile de La Martinique

Cet article fait référence à nos vœux pour 2022:

Dérive lente mais continue…

J’écrivais ce texte il y a huit ans alors que nous vivions en Inde. Je ne peux malheureusement que confirmer mes assertions de l’époque.

Quelle est la première partie de la politique ? L’éducation. La seconde ? L’éducation. Et la troisième ? L’éducation.” Le Peuple, Jules Michelet, éd. Paulin, 1846, chap. IX , « La politique identique à l’éducation », p. 310

Est-ce qu’un jour, nos “politiques” auront le courage de donner la priorité des priorités à “l’éducation”. Mais le malheur veut que chacun d’entre-nous donne au mot “éducation” sa propre signification et veut la transformer en assise de son pouvoir et de sa raison. Elle devient donc une atteinte à la liberté et, en même temps, le parent pauvre de la République. Les débordements actuels en tout genre, sont les fruits d’une éducation galvaudée prisonnière d’intérêts partisans. Nous paierons, et nos enfants encore plus, les dividendes de la politique de la terre brûlée. La politique du court terme. La politique du “après moi le déluge”. Et pendant ce temps, le Monde avance sans nous. Quand la presse indienne parle de la France, c’est pour parler d’un pays en guerre en Afrique ou des aventures sentimentales du président de la République. Ne serons-nous que cela aux yeux du Monde?

Les civilisations s’écroulent… l’Occident sera-t-il capable de résister à la fatalité? Sommes nous au crépuscule d’hommes devenus fous? Le soleil se couche à l’Ouest.

Etienne Lallement – le 2 février 2014 – Chennai – Tamil Nadu – Inde

Souhait sincère pour 2022:

Formule « provocatrice » ? Elle l’est.

Elle est aussi spontanée que provoquante. Tant pis pour les esprits chagrins!

A force de constater que, chaque année, les « bons vœux » peinent à faire de l’effet, nous nous sommes demandés, « à quoi bon persévérer dans ce vain rituel ? ». Au fil du temps, la formule s’est vidée de son sens et n’est plus qu’une simple formule « d’impolitesse » rabâchée pour faire « comme tout le monde » et ne pas se faire « mal voir ». Et puis d’abord, « on l’a toujours fait ».

Un chef-d’œuvre d’hypocrisie qui connait son heure de gloire avec les réseaux sociaux. En un clic, nous bénissons 500, 1000 et bien plus encore d’amis plus ou moins de pacotilles “urbi et orbi“. Nous en arrivons pour nos parents et amis – les vrais et les espérés vrais – à servir la même « soupe populaire », inodore, incolore et sans saveur. Sans effort de notre part!

Et pourtant, autour de nous, « des êtres » semblent s’en sortir mieux que d’autres et se disent « heureux ». Notre patenôtre votive serait-elle, à contrario, miraculeuse pour certains ? Nenni !

Ces « gens heureux » ont un secret au vu et au su de tous.

Quel est donc ce fossé qui sépare les uns des autres ?

La santé ? Certes son impact est essentiel dans notre quotidien. Mais alors, pourquoi donc, des malades – et nous en connaissons de très affectés – sont plus heureux que des êtres en bonne santé physique et intellectuelle ? Le bonheur ne serait donc pas le corollaire de la santé ?

Après avoir observé les personnes autour de nous, force nous est de constater que le bonheur a des « sources » qui sont « la prédisposition mentale » et « la volonté ». Alors, nous direz-vous, à quoi bon, si nous ne sommes pas nés avec une « cuillère en argent » dans notre psyché ?  Soit.

Mais reste « la volonté ».

« Aide toi et le ciel t’aidera ! » proclame la vox populi tournée vers des cieux incertains.

Il ne nous reste qu’une orientation : plonger en nous pour y découvrir « l’univers et les dieux ». L’appréhension, les peurs vaincues, il s’en faudra de très peu que le bonheur ne coule. Nous apprendrons à affronter notre univers intime et les dieux, les démons qui nous habitent et nous en ferons des alliées, des forces, des amis !

Nous seuls pouvons accomplir cette intrusion libératrice, mais c’est avec les autres que nous étaierons les galeries de notre exploration en partageons nos efforts.

En rayonnant !

Notre bonheur 2022 et au delà, est entre nos mains.

Donc « démerdez-vous », « démerdons-nous » …

” Le temps s’en va, le temps s’en va, madame.

Las! Le temps, non, mais nous nous en allons…!”

Etienne et Béatrice Lallement – Saint Joseph La Martinique – le 27 décembre 2021

  • *Pierre de Ronsard – Sonnet à Marie –
  • Musique: Provided to YouTube by The state51 Conspiracy –  7 Chakras (Kundalini) · Coffret Bien-être Enyalie · Musique Libre de Droit