Kolam : le mandala éphémère au féminin pluriel

Dessins d'ombre et de lumière

Dessins d’ombre et de lumière

Qu’y-a-il de plus triste qu’un parking souterrain dans un immeuble collectif?

En cette fête de “Republic Day”, loin des parades, défilés et discours officiels, les femmes de nos immeubles ont organisé un concours de Kolam. Chacune de équipes participantes s’est vue attribuer la même surface grisâtre de parking pour réaliser son oeuvre éphémère.

Le Kolam est une forme de peinture qui est tracée à même le sol à l’aide de poudre de riz, de la poudre de craie ou de roche blanche, complétées souvent de poudres de couleurs. C’est une tradition du Tamil Nadu, du Karnataka, de l’Andhra Pradesh, de la plupart des régions du Kerala et certaines parties de Goa et Maharashtra. Cet art populaire est aussi pratiqué en Indonésie, en Malaisie, en Thailande et quelques autres pays.

Un Kolam est un dessin aux traits géométriques composé de boucles tracées autours d’une base de points.

En Inde du Sud, il est largement pratiqué par les femmes. Ces dessins sont pensés apporter la prospérité au foyer. Chaque matin, dans le Tamil Nadu, des millions de Kolam son dessinés au seuil des maison ou des appartements avec de la poudre de riz blanche.

Cette oeuvre n’est pas que décorative. Dans les temps anciens, les Kolams de farine de riz arrêtaient les fourmis au seuil du logement en leur fournissant leur nourriture quotidienne. Ils invitaient, également, les oiseaux et autres petites créatures à manger, accueillant ainsi la faune domestique à partager le quotidien: une façon de célébrer la coexistence harmonieuse de tous les êtres vivants avec l’espèce humaine.

C’est un signe d’invitation à tous d’entrer dans la maison pour y recevoir le meilleur accueil. Est invitée aussi Laksmi, la déesse de la prospérité et de la richesse.

Les modèles varient à la sensibilité de chacune, mais partent tous d’une trame composée de points et se déploient en tracés géométriques fermés de manière à empêcher symboliquement les mauvais esprits de pénétrer à l’intérieur des formes, donc de pénétrer dans l’intérieur du logement.

Renault et Nissan vont rapprocher production et recherche

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article Journal Libération du 24 janvier 2014
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Les constructeurs automobiles français Renault et japonais Nissan vont rapprocher leur production et leurs unités de recherche et développement afin d’économiser près de 3 milliards d’euros par an, a affirmé vendredi le quotidien Nikkei.Ces groupes, présidés tous les deux par Carlos Ghosn, sont déjà alliés et Renault est le premier actionnaire de Nissan.Leurs principales coopérations opérationnelles résident actuellement dans l’achat commun de pièces détachées, le partage des groupes autopropulseurs (l’ensemble de la motorisation et des systèmes de transmission) et l’ingénierie commune de véhicules.Mais d’après le journal économique japonais, l’alliance s’apprête à nommer dès le mois d’avril deux dirigeants communs, l’un pour superviser la production des deux groupes et l’autre leurs unités de R&D.En vertu de cette nouvelle organisation, leurs usines seraient rendues progressivement plus flexibles de façon à leur permettre d’assembler des voitures de l’un comme de l’autre.Le premier essai de ce nouveau mode de fonctionnement serait lancé dès 2015 dans une usine en Inde (Chennai), gérée par une coentreprise locale, où 400.000 véhicules de Renault et Nissan pourraient être produits chaque année, précise le quotidien. Ce système intégré serait ensuite étendu à plus d’une dizaine de pays dès 2020.L’alliance pourrait en outre s’appuyer sur la complémentarité de l’implantation géographique des deux partenaires: Renault a actuellement davantage d’usines en Europe et au Moyen-Orient, tandis que Nissan est plus implanté en Asie et en Amérique du Nord.Du côté de la R&D, les deux groupes seraient amenés à coopérer davantage, à partager leurs technologies pour les voitures électriques, à pile à combustible et la conduite autonome, ainsi qu’à réduire les doublons.Dans l’ensemble, les deux groupes espèrent ainsi diminuer leurs dépenses de 400 milliards de yens supplémentaires par an (2,8 milliards d’euros).Nissan n’a pas souhaité commenter «des spéculations sur les futurs projets de l’alliance». Dans un communiqué, il a précisé toutefois que les plus récentes synergies entre les deux groupes avaient permis d’économiser 2,69 milliards d’euros en 2012.L’alliance conclue en 1999 prévoyait le maintien strict de l’indépendance des deux groupes, de leur fonctionnement et de leur identité.Mais les informations du Nikkei, si elles étaient confirmées, indiqueraient une inflexion stratégique pour passer à une mise en commun plus poussée de moyens au vu de récents déboires: Renault a beaucoup souffert de la crise européenne d’endettement tandis que l’ambitieux plan de développement international de Nissan a pris du retard.Les ventes cumulées de Renault et Nissan ont atteint 8,1 millions de véhicules en 2012, en y ajoutant celles du constructeur russe Avtovaz que l’alliance est en train d’absorber. L’ensemble se plaçait alors à la quatrième place mondiale derrière le japonais Toyota, l’américain General Motors et l’allemand Volkswagen.En 2013, Renault a vendu 2,63 millions de véhicules dans le monde et Avtovaz 535.000. Nissan n’a pas encore publié son résultat de l’an passé.

Kerala 08 : Backwater 03

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En regardant Mireille…
[…] La jonque creusait de rides nerveuses la surface du chenal encore figé de la langueur nocturne. Mrs Mirvolp scrutait, sans les voir, les rives tirées peu-à-peu du sommeil. Elle ne voyait pas les indiennes multicolores allumer de leurs saris les berges ternes et plonger leur linge dans l’eau grise des backwaters. Elle ne voyait pas les premiers pêcheurs hasarder leurs barques sur l’onde, espérant quelques prises. Elle ne voyait pas le vieillard s’immerger pour ses ablutions matinales…
Tel un athanor, la femme au masque serein couvait une ébullition où explosaient les idées les plus contradictoires et les plus perturbantes. […]
La bateau accoste… interrompant ma divagation.

Kerala 07 : Backwaters 02

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De lourdes barges de bois, d’osier tressé et de bambou transportaient depuis des siècles, voire des millénaires, les riz et épices, les thés et les cafés et tout ce que l’homme voulait déplacer dans ce pays où l’eau et la terre ne font qu’un.

Fi des cardamones, gingembres et cannelles, girofles et muscades, le touriste, désormais, apponte le Kettuvalam, transformé en résidence flottante. Les backwaters se visitent aussi en famille et entre amis.

Il suffit de se laisser glisser dans ce monde encore sauvage où, tel le plumage du cacatoès, la symphonie des verts se laisse éclabousser de scintillements multicolores. La méditation vient en navigant. L’imagination se laisse emporter sur les chemins aquatiques où glissèrent depuis 3 000 ans, Vénitiens et Chinois, Égyptiens et Romains, Phéniciens et Persans.

Si l’imagination ne suffit pas, ouvrons et relisons Agatha Christie ou Gérard de Nerval. Notre mémoire universelle se réveillera au seuil d’un palais hollandais, dans les parvis d’une église portugaise, dans les effluves des encens des temples hindous ou à l’ombre d’une synagogue.

Et si la plume nous en dit, gravons notre rêve au fil de l’eau.

voyage au Kerala proposé par Isabelle Koch pour Shanti Travel sur les barges de la société Evergreen – www.shantitravel.com –

Kerala 06 : Backwaters 01

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A l’aube frémissante, le pêcheur vous invite à le rejoindre dans sa pirogue

Qui n’a pas salué le soleil a son apparition sur les Backwaters, n’a pas connu la paix.

A l’aube frémissante, le pêcheur vous invite à le rejoindre dans sa pirogue. Il plonge doucement sa longue gaule et fait danser d’une valse lente son esquif qui caresse plus qu’il ne brise la surface des eaux saumâtres du lagon. Les filets chinois déchirent la lumière du jour encore balbutiante. Ils tissent dans le ciel des dentelles sombres de leurs toiles arachnéennes. Ici tout est paix. Tout est silence.

Bientôt, peu-à-peu, la vie animale ressuscite. Des berges verdissantes s’élèvent un concert où chacun choisit sa partition, son namaskar qu’il chante, pépie, gazouille, babille, ramage ou siffle. Une famille de canards nasille et croise notre imperceptible remous arrière. Quelques rares albatros piaulent cherchant les courants ascendants face au soleil incandescent qui incendie le sommet des cocotiers.

Les hommes arrivent. Les plus fortunés lancent leurs nasses. Les plus modestes, de l’eau jusqu’à la taille ou même jusqu’au cou, pêchent à la main. Les filets de pêche chinois commencent leurs révérences et plongent tour à tour sans abîmer le miroir des eaux.   Le passeur initie son va-et-vient qui ne s’achèvera qu’au crépuscule finissant.

“Photo, please?”

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Nous ne les connaissons pas: ils nous ont simplement demandé de poser avec eux.

Au début, cela surprend, mais on s’habitue rapidement à cette sollicitation: “Photo, please?”. Les Indiens aiment prendre des photos, mais surtout être pris en photo. Et si “quelqu’étranger ” à la peau claire veut bien poser avec eux, cela les comble. Quelques exemples: j’ai été interpellé dans une galerie marchande pour poser avec un jeune-homme… A la porte de l’église commémorative du martyr de saint Thomas, Béa et moi avons été sollicités pour poser avec un groupe de Brahmanes venus en méditation sur ce lieu hautement chrétien… Petite photo entre amis dans les montagnes du Kerala et c’est bientôt un attroupement pour poser avec nous! Les exemples sont quasi quotidiens. Une amie à la peau claire et blonde de surcroît, s’est vue invitée pour des séances de  pose devant la porte de l’Inde à Mumbai. Après quelques poses, son refus de continuer à fait de nombreux déçus.

Sommes-nous si rare et si extraordinaire pour tant de demandes? Nous sourions dans de nombreux tableaux de chasse et supposons la fierté des chasseurs d’images avec des trophées où nous figurons à la place d’honneur.

... et bientôt on s'agglutine   pour être sur la photo.

… et bientôt on s’agglutine pour être sur la photo.

Kerala 05 : Periyar Tiger Reserve

Le lac Periyar s'étend dur 26 km². Il est la conséquence de la construction en 1895 du barrage de Mullaperiyar.

Le lac Periyar s’étend sur 26 km². Il est la conséquence de la construction en 1895 du barrage de Mullaperiyar.

Si le mot “Tigre” apparaît dans son nom, nous n’en avons pas vu l’ombre d’un seul. D’ailleurs notre “croisière” sur le lac Pariyar s’étant déroulée à l’heure de la sieste animale, nous ne découvrîmes de la faune, toutes espèces confondues, que quelques  spécimens attardés sur la berge. Les meilleures heures pour l’observation de la vie animale seraient le levé ou le couché du soleil. L’accessibilité des barges est difficiles, tant se pressent de nombreux amateurs et il nous a fallu faire la queue pendant plus de deux heures dans une cohue humaine très indienne, pour obtenir les sésames d’embarquement.

N’empêche! Cette promenade aquatique dans un milieu préservé, est un moment de grâce.

Kerala 04 : Perdre la tête

Fort Kochi. Près de la synagogue.

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J’écarte quelques vieux journaux souillés. Un regard goguenard, mais noyé de tristesse me fixe. Qui a déposé contre la margelle de ce puits, sur ce parking sauvage, ce visage buriné et dans quelle intention. L’histoire de ce faciès doit être bien longue et les lèvres closes semblent avoir beaucoup à dire. Beaucoup à raconter. Raconter une histoire, raconter son histoire. Celle d’une pierre arrachée à la montagne et soumise au burin du tailleur de pierres. De cette pierre brute, l’artiste a tiré ce masque. Avait-il sous le maillet de sa naissance ce même regard désespéré qui semble nous dire, telle une épitaphe, semble nous répéter : « j’ai été ce que vous êtes, vous serez ce que je suis. ».

Mais je rêve que cette tête ennoblissait un bas-relief voué à la destruction et que la main qui levait l’outil sacrilège du démolisseur fut retenue par son maître vaincu par ce regard profond, ce regard d’humanité. Ce regard désespéré.