Amour en Ternois

Le talent brûle les planches à l’espace culturel Georges Brassens de Noeux-les- Mines, ce vendredi de février et nous prouve qu’il ne perce pas, ô combien, au seul filtre du petit-écran..

Ici les performances rayonnent de quinze comédiennes et comédiens « en brèves d’auteurs »,  » en brèves d’amour ». L’amour en minuscule. L’Amour en majuscule! L’amour tout court avec ses hauts et ses bassesses. Avec ses défaites, avec ses victoires.

Amour, sous les plumes de Corneille ou Hugo, certes, mais aussi Rimbaud, La Fontaine, Voltaire, Eluard, Apollinaire. Allais, Queneau, Brassens, Devos et Vian ne manquent pas à l’appel.

Pour servir tant de talents, l’Amateur aime son art avec passion, avec fougue ou délicatesse. L’Amateur est l’amant de beaux textes qu’il embrasse « à-bouche-que-veux-tu ».

En ce crépuscule, Cupidon a percé une cinquantaine de cœurs!

Bravo! Bravo! Bravo!

La Compagnie « Thélème » cultive ses prouesses dans le Ternois. Elle mérite de bousculer les frontières de son petit espace. Elle existe depuis 1970. Durant plus de cinquante ans, elle a offert une quarantaine d’œuvres d’où ont surgi Euripide, Molière, Gogol, Brecht, Vian, Ionesco et bien d’autres.

Cette représentation était organisée par le club « Rotary Noeux Soleil de l’Artois » au profit de l’action Polio+.

Etienne Lallement le 16 février 2024 – texte et photos –

« Tribunal des femmes bafouées »

affiche trib femmes baf

Au Théâtre Créole,  deux blanches pour un noir

Ici l’on crie, on hurle même, on enrage, on s’agite, on se fige, on se tait. L’émotion perle. Le rire éclate.

Ici, les femmes accusent. Maladroites. L’homme se défend. Piteux. Les arguments des unes et de l’autre se délitent. Le ciment de la haine ne résiste pas au ravinement de l’amour indélébile.

Les rôles s’inversent. L’accusé devient accusateur. La faiblesse de tous se répand sur les planches. Aucune n’est tout à fait blanche. Lui n’est pas tout à fait noir. Ils sont humains. Voilà tout.

La victoire de l’amour est aigre-douce. Il n’est ni vainqueur, ni vaincu. La catharsis n’épargne personne, acteurs comme spectateurs. C’est cela l’antique vocation du théâtre. Chacun y voit plus clair , mais d’autre questions surgissent. L’homme est un éternel chasseur de nuages.

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En me remettant les billets, l’hôtesse du théâtre de la ville de Fort-de-France me précisait que ce spectacle était « spectacle d’une troupe d’amateurs » et, de ce fait, n’apparaissait pas dans le programme « officiel » du théâtre.

Mais que que reste-t-il « aux grands »?

Béatrice Sieurac, Eric Bonnegrace et Cristèle Calixte n’ont rien à envier. Pas de référence à de « grands cours parisiens ». Les références sont de l’école, de l’académie de la vie. L’école de la passion. Melpomène et Thalie génèrent et inspirent la foi plus que la référence. A n’en pas douter, il s’agit, ici, de foi. Celle qui conduit à la passion, déborde de la scène et inonde le parterre.

Que seraient trois talents sans texte, sans trame, sans histoire. Tony Delsham a pointé son œil sur le monde, sur son monde. Celui des Caraïbes, celui de La Martinique. Molière pousse ici un peu sa plume dans celle de Tony par le regard aimant, mais sans concession, qu’il porte sur ses contemporains créoles.

Sans complaisance, mais brillant d’humour. Rempli d’amour. « Castigat ridendo mores ».

La mise en scène, dans un décor dépouillé ou règne une psyché sans glace, est sans faille. José Alpha valorise, tour à tour, ses acteurs. Ils peuvent épanouir leur jeu jusqu’à l’extrême dans un respect mutuel équilibré.

Le théâtre créole doit déborder de son île.

Etienne Lallement

« Tribunal des femmes bafouées » de Tony Delsham – représentation du vendredi 11 mars 2016 au Théâtre de la ville de Fort-de-France; La Martinique. Compagnie Téatlari – Théâtre des cultures créoles.