La Liberté, l’être humain en fait une utopie, un rêve, alors qu’il la possède. Elle est inhérente à la vie. Mais que fait-il, que faisons-nous de cette liberté?
Et bien, l’être s’ingénie à vouloir asservir les êtres et la nature. Et la raison du plus fort est toujours la meilleure!
Il chante, il crie, il hurle “Ma Liberté, ma Liberté chérie!” tout en asservissant ses semblables et toute chose à sa porté. Il se condamne lui même, s’enchaîne aux lourds boulets qui scintillent, se pend haut et court à l'”arbre-potence” du désespoir et de l’angoisse.
LIBERTE est un maître-mot . Nous en sommes les esclaves. Esclaves de l’idée de liberté.
L’être est libre, mais “vivre libre” est-il de la nature humaine? “Etre libre” et “vivre libre” sont-ils incompatibles?
La liberté du plus fort…
Notre liberté ne serait elle que la liberté du choix de nos chaînes. Nos chaînes charpentent notre ego, ego de dominant, ego de dominé. L’ego nous fait survivre: la liberté ou la mort proclamait la Révolution. Avons nous le choix? La liberté ou la mort. La liberté et la mort.
Accroché à la nef de la vie, l’être, à la fois, exige et refuse la Liberté parée de la beauté du diable. La Liberté Vraie captive et épouvante.
La liberté est la mort.
Etienne Lallement – le 6 mars 2021 – Saint-Joseph – La Martinique –
Depuis notre arrivée en Martinique, nous avons été à maintes reprises invités à des festivités dansantes.
Il m’est apparu rapidement que la danse, pour les habitants de l’île, dépassait largement le cadre d’un simple divertissement. Le soin apporté à l’habillement, à la parure des femmes créoles, la rigueur et la grâce dans les gestes révèlent une autre dimension que celle du simple divertissement. Chaque mouvement des femmes et des hommes semble être l’expression d’un art sacré. La ritualisation d’une prière. Les musiciens rythmant ce rituel élèvent les danseurs et les spectateurs dans cette “dévotion”. Ici “Haute-Taille”, par ailleurs “Bélé” participent à cette valeur qui participe à l’union des Martiniquais et sans doute tous les Créoles: une spiritualité vivifiante transfiguratrice des corps.
Curieusement, j’ai été frappé par les consonnances d’une certaine musique créole et la musique polonaise des bals de ma jeunesse! Cela ne peut pas être une coïncidence. Je recherche actuellement des informations à ce sujet.
Les nouvelles générations sauront-elles recevoir, communier et transmettre cet “Art” dans toute sa spiritualité? Dans toute sa force?
Etienne Lallement – 15 décembre 2020 – Saint-Joseph – La Martinique
prestation de l’association “Pétales de Haute Taille”
selon Wikipedia: “Les contredanses ont été apportées par les colons européens au XVIIIe siècle. D’abord dansées par la bourgeoisie, le mode de diffusion localement, et leur évolution, sont encore discutés, mais ces contredanses ont été adoptées par d’autres milieux (esclaves, classes populaires, milieu rural) qui ont alors influencé la rythmique, les instruments (ajout de percussions comme le tambour de basse) et le déroulé. On retrouve encore actuellement des figures principales du quadrille avec le pantalon, l’été, la poule, la pastourelle, mais aussi d’autres figures comme la biguine. Ces figures sont annoncées et rythmées par un chanteur “commandeur” qui débute traditionnellement par « Cavaliers aux Dames ! » pour que les danseurs invitent leur danseuse. Ce “quadrille créole” a toujours pour nom “Haute Taille“, évoquant la forme des robes de bal de la bourgeoisie fin XVIIIe , début XIXe siècle1.“.
Je ne l’aurai pas acheté. Il m’a été offert. J’y ai puisé un plaisir certain. L’auteur « mondain » et parfois « demi-mondain » sacrifiait au culte de la culture jusque l’excès. Jean d’Ormesson agace certains – et même beaucoup – sans doute par une primesautière aisance verbale gavée de connaissances. Jean d’Ormesson ne sait pas. Il connaît. Il pousse à l’extrême sa feinte fausse modestie qui humilie ceux qui babillent un « cultirissime » savoir, mais excite son complice, le folliculaire en panne de paillettes. Il aime ça, le bougre ! Tendre humour vache !
Jean a fait du « d’Ormesson » toute sa vie, sans le savoir, sauf, peut-être, les dernières années où il « sur-jouait » son rôle. Pour les attardés de la télé-réalité – triste réalité – et les académiciens ou savants « cultivés », parmi ceux qui connaissent – les plus nombreux – et ceux qui savent – les plus humbles – les feux des médias incendient plus qu’ils n’éclairent.
Presque 400 pages d’introduction historique pour, enfin, attaquer le vif du sujet : « …du destin des hommes, de leurs passions, de leur éternel désir, de leurs folies et des règles qu’ils s’imposent pour tenter de vivre ensemble. ». (page 384)
Pour narrer l’histoire de sa propre vie et introduire « la Vie » il égrène 1 198 noms d’illustres ou discrets personnages qui l’ont marqué au cœur et à l’esprit. Il égrène 467 lieux qu’il fréquenta par la vie, par l’étude, par le rêve. Il porte témoignages pour celles et ceux qui forgèrent ce qu’il est devenu. Il se reconnait « des maîtres » et leur rend hommage : les Hommes les plus illustres sont les fruits de découvreurs. D’Initiateurs. C’est un témoignage d’Histoire vécue sur la scène, côté cours, côté jardin, ou sous les feux de la rampe. Acteur, il fût. Visions non objectives sans doute mais re-visionnées, dans cette dernière révérence, par le petit bout de la lorgnette. Attention, les chapitres sont longs et difficiles à scinder. Tout en lisant. Il faut au lecteur savoir suspendre sa lecture sinon la lassitude ou, pire, la somnolence le guette.
Un juge « sur-moi » bricolé renvoie Jean face à Jean. Monsieur se flagelle, fier de son humilité et de son humble outrecuidance envers lui-même comme envers les autres. Mais, je reste persuadé que l’homme « d’Ormesson » est honnête. Il se pique de tout et de rien – ou presque – et « c’est là son moindre défaut ».
Pour ouvrir une parenthèse dans ma lecture des auteurs martiniquais, j’ai entamé un livre signé Guy Deloeuvre intitulé “Jean d’Ormesson – Les bons mots”. offert par ma petite sœur Thérèse.
L’essentiel de l’ouvrage est la retranscription in extenso (?) des prises de paroles de l’auteur décédé. Discours d’accueil. Discours de deuil. Ici s’arrête tout l’intérêt du livre. Le reste est décousu, assemblage de bric et de broc. De tout évidence, la rédaction est bâclé dans la précipitation. L’émotion du moment de deuil devait en faire un succès. Un gros tirage. Il fallait faire rimer d’Ormesson avec pognon. L’académicien méritait une autre oraison funèbre que les accents cupides d’un folliculaire. On ne s’improvise pas Bossuet. N’est pas d’Ormesson qui veut. Encore qu’ici cette volonté fait défaut.
Etienne Lallement
photo de la couverture du livre qui porte pour référence: Printed in Poland by Amazon Fulfillment Poland Sp.zo.o, Wroclaw. – montage photographique et détourage par In Pixio Photo Clip 7
Que de bruit. La mort fait du bruit ou plutôt le cause.
Dans l’espace de vingt-quatre heures deux hommes cessent de vivre et la vie de beaucoup est bouleversée. Chacun s’exprime, en folliculaire se transforme, pour parler d’êtres qu’il n’a pas connus. En effet, il n’en connait que des images fabriquées dans les chaudrons bouillonnants des médias et jamais tamisées, à quelque niveau que ce soit, d’un quelconque esprit critique. De quelconques propositions divergentes pour ajuster son jugement.
Et même : dans les gardes rapprochées, ami ou ennemi peuvent-il, déjà, être objectifs ?
Mais en fait, le fidèle-adorateur ou l’iconoclaste ne recherche pas la pluralité des opinions. Il lui est servi le film de son rêve, le voile de ses illusions, et il refuse toute atteinte au scénario.
En fait, l’humain fabrique ce qu’il veut croire et s’y accroche comme un naufragé au radeau de la Méduse. Là est le frêle esquif de sa survie, de son espoir. L’être a besoin de certitudes comme autant d’étais à la charpente de ses fragiles convictions. Et gare à celui qui sèmera le doute et l’angoisse.
Il dresse, pour ses besoins, sa vie durant, des autels à des idoles qu’il a lui-même engendrées. Combien de croyants religieux de tout courant, d’incrédules, combien d’anticléricaux, combien d’athées sincères sont devenus « idolâtres » en contradiction de leurs propres affirmations ou négations.
A ces idoles, l’humain transfère son ego. Il vit par procuration. Il cultive son opium. Il rêve sa vie. La vie dont il ne sait pas tirer la quintessence. Personne ne lui a jamais appris, car il fallait faire bien d’autres choses de sa vie.
« Jean d’Ormesson possédait le talent et l’esprit qui me faisait défaut. » n’avoue pas l’un.
« Johnny Hallyday menait la vie de paillettes dont je rêvais et rêve encore. » avoue l’autre des étoiles plein les yeux.
Chacun est dans l’erreur, dans l’erreur commune, de croire que « certains » sont plus indispensables que d’autres.
Le plus humble d’entre nous a une responsabilité majeure dans l’existence, un rôle à « accomplir », une mission à « jouer » tout aussi importante que ceux qui crèvent l’écran. Personne ne nous en persuade. Tous sont dans le doute et la culpabilité refoulée. Convaincre serait humilier.
De temps en temps, une serrure a besoin pour bien fonctionner d’une simple et minuscule goutte d’huile. Sans huile, l’oxydation s’installe et bientôt l’huis le plus lourd est condamné. Qui se soucis de l’huile en regardant la porte s’ouvrir et se fermer.
Sachons, humblement mais fièrement, être des gouttes d’huiles pour permettre l’ouverture en grand et sans grincement des portes dans la vie. Invisibles mais indispensables. Sachons être mille choses encore…
Mais sachons « ETRE ».
Et comme disait Monsieur de La Fontaine trop vite écarté de notre éducation :
« Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d’un plus petit que soi. »
…et s’il me faut être goutte d’huile, que je sois efficace dans ma mission : une huile essentielle.
J’y suis presque par hasard, sans idée préconçue. Je cherche une union avec une nature explosive. Chancelant dans les pas de Marc, usant des racines aux entrelacs rhizomiques glissants et aériens sorties de l’humus détrempé comme autant d’étapes de mes pas incertains, je progresse, je grimpe et dévale parmi les géants. Dix fois je tombe et me relève. mes yeux se lèvent plus qu’ils ne se baissent au détriment de mon équilibre. Je néglige mes pas.
Je ne sais pas que des ombres nous entourent. La folle végétation échappée du chaos primordial, garde en elle, telles des hamadryades, l’esprit de Césaire, l’esprit de Breton, l’esprit de Lam qui, un jour diluvien de 1941, laissèrent leur trace, s’imbibèrent des ombres, des pluies et des lumières de cet Eden ou ne règne la folie que pour le profane aveugle.
J’y retournerai avec quelques lectures dans la tête, quelques livres dans la besace et, pourquoi pas, quelques âmes en réceptivité et amour des ondes sacrées de la sylve caribéenne.
Ici l’on crie, on hurle même, on enrage, on s’agite, on se fige, on se tait. L’émotion perle. Le rire éclate.
Ici, les femmes accusent. Maladroites. L’homme se défend. Piteux. Les arguments des unes et de l’autre se délitent. Le ciment de la haine ne résiste pas au ravinement de l’amour indélébile.
Les rôles s’inversent. L’accusé devient accusateur. La faiblesse de tous se répand sur les planches. Aucune n’est tout à fait blanche. Lui n’est pas tout à fait noir. Ils sont humains. Voilà tout.
La victoire de l’amour est aigre-douce. Il n’est ni vainqueur, ni vaincu. La catharsis n’épargne personne, acteurs comme spectateurs. C’est cela l’antique vocation du théâtre. Chacun y voit plus clair , mais d’autre questions surgissent. L’homme est un éternel chasseur de nuages.
….
En me remettant les billets, l’hôtesse du théâtre de la ville de Fort-de-France me précisait que ce spectacle était “spectacle d’une troupe d’amateurs” et, de ce fait, n’apparaissait pas dans le programme “officiel” du théâtre.
Mais que que reste-t-il “aux grands”?
Béatrice Sieurac, Eric Bonnegrace et Cristèle Calixte n’ont rien à envier. Pas de référence à de “grands cours parisiens”. Les références sont de l’école, de l’académie de la vie. L’école de la passion. Melpomène et Thalie génèrent et inspirent la foi plus que la référence. A n’en pas douter, il s’agit, ici, de foi. Celle qui conduit à la passion, déborde de la scène et inonde le parterre.
Que seraient trois talents sans texte, sans trame, sans histoire. Tony Delsham a pointé son œil sur le monde, sur son monde. Celui des Caraïbes, celui de La Martinique. Molière pousse ici un peu sa plume dans celle de Tony par le regard aimant, mais sans concession, qu’il porte sur ses contemporains créoles.
Sans complaisance, mais brillant d’humour. Rempli d’amour. “Castigat ridendo mores”.
La mise en scène, dans un décor dépouillé ou règne une psyché sans glace, est sans faille. José Alpha valorise, tour à tour, ses acteurs. Ils peuvent épanouir leur jeu jusqu’à l’extrême dans un respect mutuel équilibré.
Le théâtre créole doit déborder de son île.
Etienne Lallement
“Tribunal des femmes bafouées” de Tony Delsham – représentation du vendredi 11 mars 2016 au Théâtre de la ville de Fort-de-France; La Martinique. Compagnie Téatlari – Théâtre des cultures créoles.