Le poète et la vie…notre vie?

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Vendredi 6 juillet 2018. Radio Classique. « Passion Classique ». Olivier Bellamy – [pour moi, sans doute, un des meilleurs « intervoyeurs » de radio] – recevait le poète Christian Bobin à l’occasion de la parution de son ouvrage : »Un bruit de balançoire« . Puis, je prêtais attention à l’actualité du jour. Deux mondes. Un poète vit-il au même temps que nous? Que moi? Après tout, qui nous dit que nous vivons les mêmes instants? Sommes nous des bâtisseurs de forteresses individuelles où ne pénètrent que les objets de nos désirs, mais où s’infiltrent nos angoisses et les rescapés puissants de nos censures?

La vie nous impose une trame dès la naissance et nous laisse la liberté de choisir les chaînes qui nous alourdiront jusqu’au tombeau.

Pour Christian Bobin, « la poésie est une réplique lumineuse aux ténèbres« .

Etienne Lallement (6 juillet 2018)

Coups de coeur: Les choix de l’invité, ses « petites madeleines » m’ont permis de redécouvrir le « Requiem » de Gabriel Fauré » et une oeuvre qui m’était totalement inconnue du compositeur Estonien Arvo Pärt, « für Alina » interprétée par Khatia Buniatishvili.

 

 

A Jean-Philippe Thoze

 

 

Une ouvrière de Jean-Philippe Thoze

Jardin de Balata –

A Jean-Philippe Thoze.

Tu as coulé des lacs agités de couleurs sur la pente des mornes,

Brossé de vivantes ondulations

Comme autant de vagues pour rejoindre la mer,

Et s’y fondre.

Comme autant de sursauts pour rejoindre le ciel,

Et s’y fondre.

S’y confondre et s’y distinguer.

Tu as creusé le ciel du jardin de tes rêves

Tu travaillais pour le ciel,

Aidais le doigt du créateur à parachever son œuvre.

Tu as porté ici-bas la table de nature, ici-bas la table, l’autel des résurrections.

Que les cyclones s’écartent de ta terre tombale !

A peine expires tu que déjà tu Respires

Tu deviens, par-delà l’au-delà, l’esprit gardien des jardins de ta cathédrale.

La nature exhalera l’encens de ses dévotions vers toi qui l’a tant aimée,

Tant adorée.

Alors que nous pleurons, le chant crépusculaire des hamadryades célèbre par son souffle ta venue.

Elles écarteront les chérubins et leur épée,

Ouvriront pour toi, en grand, les portes d’Eden.

Là-haut, un travail à ta mesure et tes rêves t’attend.

De tes doigts,

Ici-bas, fais couler sur la pente des mornes un peu des essences éternelles

Qui désormais se plient à ta loi.

 

Le Paradis est une œuvre inachevée : pour toi, le travail est éternel.


Etienne Lallement

5 décembre 2017