Auchan : la conquête des Indes

Il y-a quelques mois, le groupe Auchan a ouvert son premier hypermarché en Inde, ici même à Chennai. Plus petit que les hyper français, il est enclavé dans un centre commercial de plusieurs centaines de commerces et un ciné-multisalle. Si ce genre de cathédrale au consumérisme me rebute quelque peu, nous sommes allé découvrir le complexe. La vente de détail ici reste reine, population locale oblige. Il est évident en voyant les autochtones hésiter que cette technique commerciale n’est pas encore rentrée dans les mœurs. Les vigiles de la sécurité ne sont pas des modèles d’accueil chaleureux. Néanmoins fières de cette implantation française, nous avons voulu faire quelques photos pour vous faire partager l’événement.  Les gardiens ne l’entendant de cette oreille: “no photo!”. Et si encore le rappel au règlement était fait d’une manière courtoise. Un de nos amis s’est vu alpaguer par un couple de vigile et obligé de faire défiler le contenu photographique de son téléphone et détruire ses clichés à la gloire du commerce français! Au Tamil-Nadu (et peut-être ailleurs dans le pays) Il est interdit des prendre des photos dans les lieux publics. Les quelques exemplaires ci-dessous, sont prises “sous le manteau”.

Exit Auchan, je retourne chez mes petits commerçants d’OMR ou de Neelankarai.

Les p’tites boutiques

Les commerces s'étagent sur 2 ou 3 niveaux

Les commerces s’étagent sur 2 ou 3 niveaux

Créez une voie, une rue, une avenue, une impasse même en Tamil Nadu, et avant qu’un quelconque revêtement vienne viabiliser le passage, les Indiens auront élevé, de part et d’autre,  une muraille de commerces, de petits, très petits commerces. OMR et ses rémiges en est un exemple parmi beaucoup d’autres. Ce phénomène n’est-il lié qu’aux initiatives des Vaishya? Sans doute pas. Le régime des castes qui résistait depuis des millénaires, se fendille fortement déjà depuis un certain temps face aux contraintes économiques.

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Je ne saurais dénombrer le nombre de boutiques proposant des produits de PVC ou du matériel électrique, marchands de poulets ou de parapharmacie, magasins de prêt-à-porter ou salon de coiffure-massage… et les capharnaüms aux enseignes “fancy” où l’on ne répond jamais “non” à une demande. Tout ce qu’on peut imaginer pour faciliter le “petit quotidien” se trouve ici entassé du sol au plafond. Si par malheur, l’objet de votre convoitise n’est pas là, pas de problème. La réponse du commerçant est invariable: “tomorrow!”. Demain, vous l’aurez à coup sûr. Quant aux prix, ils sont adaptés à un pouvoir d’achat des plus bas.

toujours prêts à aider

toujours prêts à aider

Avec mon ami Marc, nous avons retrouvé avec un immense plaisir, le contact, tout en sympathie, avec le “petit commerçant”. Couper un tuyau de PVC en morceaux de 25 cm, couper des barres d’aluminium à des tailles diverses… Ces services ne sont même pas facturés et le billet glissé à l’employé “découpeur” nous est refusé.

La course effrénée de l’Inde vers l’Occidentalisation ne va-t-elle pas réduire à néant, cette force vive, ce pilier de l’économie indienne? L’Inde pourra-t-elle résister aux attraits du commerce sans conscience et y perdre son âme?