Dérive lente mais continue…

J’écrivais ce texte il y a huit ans alors que nous vivions en Inde. Je ne peux malheureusement que confirmer mes assertions de l’époque.

« Quelle est la première partie de la politique ? L’éducation. La seconde ? L’éducation. Et la troisième ? L’éducation. » Le Peuple, Jules Michelet, éd. Paulin, 1846, chap. IX , « La politique identique à l’éducation », p. 310

Est-ce qu’un jour, nos « politiques » auront le courage de donner la priorité des priorités à « l’éducation ». Mais le malheur veut que chacun d’entre-nous donne au mot « éducation » sa propre signification et veut la transformer en assise de son pouvoir et de sa raison. Elle devient donc une atteinte à la liberté et, en même temps, le parent pauvre de la République. Les débordements actuels en tout genre, sont les fruits d’une éducation galvaudée prisonnière d’intérêts partisans. Nous paierons, et nos enfants encore plus, les dividendes de la politique de la terre brûlée. La politique du court terme. La politique du « après moi le déluge ». Et pendant ce temps, le Monde avance sans nous. Quand la presse indienne parle de la France, c’est pour parler d’un pays en guerre en Afrique ou des aventures sentimentales du président de la République. Ne serons-nous que cela aux yeux du Monde?

Les civilisations s’écroulent… l’Occident sera-t-il capable de résister à la fatalité? Sommes nous au crépuscule d’hommes devenus fous? Le soleil se couche à l’Ouest.

Etienne Lallement – le 2 février 2014 – Chennai – Tamil Nadu – Inde

11 novembre…

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Aujourd’hui 11 novembre…

Aujourd’hui 11 novembre 2018, je ne célèbre, ni ne chante l’Armistice.

Encore moins une victoire.

Aujourd’hui, je pleure cette part de l’humain qui fait de lui, de nous, de moi des assassins en puissance. Il suffit que l’un dise à l’autre « tue ! » pour que l’autre, que nous, que moi devenions des assassins. Si je n’y prends garde, cet assassin, ce sera moi. Si je me rebelle, je deviendrai, sur ordre, le traître, fustigé, honni par un cheptel conditionné qui deviendra mon bourreau. Pour l’exemple.

11 novembre 1918. Une illusion de paix. Pas la Paix. Armistice n’est que suspension des hostilités.

11 novembre 1918. Celle qui se fait appeler « Humanité » enterre une seule et petite tête de l’hydre.

Elle l’enterre avec ses racines.

Depuis, la guerre est plus que l’affaire de quatre années. Elle s’éternise. Elle se déplace. Elle rampe. Elle explose. Elle ravage. Nulle parcelle de terre n’est à l’abri de la folie guerrière. Celle qui se fait appeler « Humanité » pille et détruit. Se fait complice, donc coupable. La violence revient vers des champs qui se croit désormais épargnés parce qu’il ont, un jours, connu l’horreur et l’honneur, vers des champs funèbres devenus des terres fertiles pour l’ivraie, des terreaux de la haine et de l’asservissement. Dans une presque indifférence qui n’est qu’impuissance.

Elle revient car nous portons en nous une part de cruauté qui résonne et s’éveille au son des clairons. Clairons qui légalise le meurtre. Clairons qui autorise la cruauté. Clairons qui glorifie la mort. Clairons qui réveille en chacun de nous notre part d’ombre, notre part d’enfer.  L’humain n’est qu’une part de l’Être. L’Être est abîme. Un néant où s’engouffrent, aspirés, l’humain et l’inhumain qui se fondent et se confondent.

Le vainqueur érige sa volonté en loi. Le puissant impose sa volonté en « Vérité ».

Vainqueurs et vaincus sont guidés par la peur. L’angoisse mène le monde. L’ignorance est « matrice » de l’angoisse. Le vainqueur impose au vaincu l’ignorance. Le vainqueur ne veut pas connaître, ne rien connaître que sa loi…

L’inconnaissance rassure. L’inconnaissance conforte. L’inconnaissance soumet.

Les vérités, pas plus que « La Vérité », ne sont des dictas, mais une révélation. Une révélation n’est ni un enseignement, ni un conditionnement, mais le lent mûrissement d’un travail personnel. Plus les humains se regroupent, plus ils s’agglomèrent pour ne pas avoir à penser. Plus ils deviennent inhumains, asservis. Ils s’asservissent croyant se libérer. Ils s’asservissent pour gagner du temps. Temps qu’ils s’ingénieront à perdre pour se libérer de l’essentiel. Nous nous asservissons à la distraction, au futile, au dérisoire.

Il nous appartient de choisir entre les plats préparés des faiseurs de « prêt-à-penser » ou prendre le temps de cultiver et cuisiner notre Être avec des condiments que nous aurons choisis sur le marché de l’existence. Comment apprendre à choisir ?

Nous devons cesser de nous unir « pour-ne-pas-penser » ou penser comme la masse. Nous devons cesser de nous unir pour diluer, nier nos responsabilités. Éternel combat du droit et du devoir ou le devoir est souvent vaincu et le droit vainqueur. Revendications !

Démocratie. Illusion de pouvoir. Nous élisons des « chefs »…Des chefs ? Tous le croient. Illusions de l’autorité. Ces chefs ne sont que boucs émissaires, bêtes de somme, taureaux d’holocauste…

La démocratie permet à la masse électrice de désigner pour des raisons inconnues, obscures ou inavouables, dans la douleur ou la joie artificielle d’un soir, permet de désigner des ânes bâtés de ses propres incompétences et incuries. A tout-va et tout propos, la masse bat les flancs de la monture en omettant de battre sa propre coulpe. A une demande de masse, tout un chacun exige une réponse individuelle. Mission impossible.

Ainsi va le monde. Ainsi va notre « petit-monde » qui eût à choisir entre la dictature d’un chef, voire d’un tyran-et-sa-cour et l’illusion de la dictature du prolétariat. Les unes ou les autres ne sont que dictatures. Toutes sont fragiles. Toutes génèrent de l’angoisse. L’angoisse, la violence.

N’y aurait-il de débouchées que violentes ? La violence doit-elle répondre à la violence ? Les révolutions ont démontré qu’elles débouchaient sur d’autres dictatures.

L’angoisse mène le monde. L’ignorance l’asservit.

Pour être Libre, l’Être Humain doit connaître et savoir.

L’Être Humain ne peut se sauver qu’individuellement. Pour se sauver individuellement, l’Être Humain doit être libre ou en voie de libération.

Pour être Libre, l’Etre Humain doit connaître et savoir.

Seul, le bien a besoin d’être défendu par la force. Force, mais non-violence. L’Être Humain se défend, se défendra par la mise sur la voie et la liberté de connaître ce qui il est dans son individualité. Non pas l’image de lui que d’aucun lui impose, mais celle qu’il n’aura de cesse de chercher en lui plutôt que de courir des chimères rassurantes…éphémères.

Que le voile se déchire: Aléthéia

Etienne Lallement – 11 novembre 2018

https://sydrach357.com/2013/08/12/france-inde-naguere/

Pillage de sépulture…

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Pour ouvrir une parenthèse dans ma lecture des auteurs martiniquais, j’ai entamé un livre signé Guy Deloeuvre intitulé « Jean d’Ormesson – Les bons mots ». offert par ma petite sœur Thérèse.

L’essentiel de l’ouvrage est la retranscription in extenso (?) des prises de paroles de l’auteur décédé. Discours d’accueil. Discours de deuil. Ici s’arrête tout l’intérêt du livre. Le reste est décousu, assemblage de bric et de broc. De tout évidence, la rédaction est bâclé dans la précipitation. L’émotion du moment de deuil devait en faire un succès. Un gros tirage. Il fallait faire rimer d’Ormesson avec pognon. L’académicien méritait une autre oraison funèbre que les accents cupides d’un folliculaire. On ne s’improvise pas Bossuet. N’est pas d’Ormesson qui veut. Encore qu’ici cette volonté fait défaut.

Etienne Lallement

photo de la couverture du livre qui porte pour référence: Printed in Poland by Amazon Fulfillment Poland Sp.zo.o, Wroclaw. – montage photographique et détourage par In Pixio Photo Clip 7

D’Ormesson, Hallyday….

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Angoisse et goutte d’huile !

Que de bruit. La mort fait du bruit ou plutôt le cause.
Dans l’espace de vingt-quatre heures deux hommes cessent de vivre et la vie de beaucoup est bouleversée. Chacun s’exprime, en folliculaire se transforme, pour parler d’êtres qu’il n’a pas connus. En effet, il n’en connait que des images fabriquées dans les chaudrons bouillonnants des médias et jamais tamisées, à quelque niveau que ce soit, d’un quelconque esprit critique. De quelconques propositions divergentes pour ajuster son jugement.

Et même : dans les gardes rapprochées, ami ou ennemi peuvent-il, déjà, être objectifs ?

Mais en fait, le fidèle-adorateur ou l’iconoclaste ne recherche pas la pluralité des opinions. Il lui est servi le film de son rêve, le voile de ses illusions, et il refuse toute atteinte au scénario.

En fait, l’humain fabrique ce qu’il veut croire et s’y accroche comme un naufragé au radeau de la Méduse. Là est le frêle esquif de sa survie, de son espoir. L’être a besoin de certitudes comme autant d’étais à la charpente de ses fragiles convictions. Et gare à celui qui sèmera le doute et l’angoisse.

Il dresse, pour ses besoins, sa vie durant, des autels à des idoles qu’il a lui-même engendrées. Combien de croyants religieux de tout courant, d’incrédules, combien d’anticléricaux, combien d’athées sincères sont devenus « idolâtres » en contradiction de leurs propres affirmations ou négations.

A ces idoles, l’humain transfère son ego. Il vit par procuration. Il cultive son opium. Il rêve sa vie. La vie dont il ne sait pas tirer la quintessence. Personne ne lui a jamais appris, car il fallait faire bien d’autres choses de sa vie.

« Jean d’Ormesson possédait le talent et l’esprit qui me faisait défaut. » n’avoue pas l’un.

« Johnny Hallyday menait la vie de paillettes dont je rêvais et rêve encore. » avoue l’autre des étoiles plein les yeux.

Chacun est dans l’erreur, dans l’erreur commune, de croire que « certains » sont plus indispensables que d’autres.

Le plus humble d’entre nous a une responsabilité majeure dans l’existence, un rôle à « accomplir », une mission à « jouer » tout aussi importante que ceux qui crèvent l’écran. Personne ne nous en persuade. Tous sont dans le doute et la culpabilité refoulée. Convaincre serait humilier.

De temps en temps, une serrure a besoin pour bien fonctionner d’une simple et minuscule goutte d’huile. Sans huile, l’oxydation s’installe et bientôt l’huis le plus lourd est condamné. Qui se soucis de l’huile en regardant la porte s’ouvrir et se fermer.

Sachons, humblement mais fièrement, être des gouttes d’huiles pour permettre l’ouverture en grand et sans grincement des portes dans la vie. Invisibles mais indispensables. Sachons être mille choses encore…

Mais sachons « ETRE ».

Et comme disait Monsieur de La Fontaine trop vite écarté de notre éducation :

« Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde : 
On a souvent besoin d’un plus petit que soi.
 »

 

…et s’il me faut être goutte d’huile, que je sois efficace dans ma mission : une huile essentielle.

Et que, grâce à nous, s’ouvrent les portes !

Etienne Lallement

8 décembre 2017

 

 

 

« The Hindu » : France confronts its famous malaise

ImageUn regard de l’étranger sur la situation de la France (ce journal tire à plus de 2 millions d’exemplaires et ses commentaires font autorité auprès des dirigeants de tous horizons).

« A year ago, there was a sense of euphoria in France. Francois Hollande had just swept Nicolas Sarkozy and his Conservatives out of power, and the Socialists were jubilant over a hard-won victory following three successive presidential defeats.

That euphoria has evaporated. Polls indicate that the French are anxious, depressed and uncertain about their future. »

pour en savoir plus:

http://www.thehindu.com/todays-paper/tp-opinion/france-confronts-its-famous-malaise/article4701340.ece